Deux professeurs de philo sanctionnés pour non-respect du « devoir de réserve »
Ces professeurs de philo ont été suspendus trois mois de leurs fonctions pour leurs prises de parole sur les réseaux sociaux. L’un enseigne à Rouen, l’autre près de Marseille.
Selon le ministère de l’Éducation, ils ont outrepassé leur « devoir de réserve ». L’un des professeurs a été suspendu à partir de la mi-avril. Connu dans le milieu enseignant pour ses propos virulents sur une école qu’il juge à la dérive, il est également vice-président d’Action et Démocratie, un syndicat d’enseignants très minoritaire. « Selon le ministre, mon expression publique et l’audience de mes propos portent atteinte à l’image et la réputation du service public de l’Éducation nationale », a-t-il réagi sur Twitter, réseau sur lequel il compte 105 000 abonnés.
Selon le ministre, mon expression publique et l'audience de mes propos portent atteinte à l'image et la réputation du service public de l'éducation nationale.
(Un message parmi des centaines…) pic.twitter.com/RLh4vvYcE3— René Chiche (@rene_chiche) May 6, 2023
La commission paritaire réunie en conseil disciplinaire lui avait reproché, il y a quelques semaines, de « mettre en avant sa qualité de professeur dans ses prises de paroles publiques ». La commission avait considéré « que la fréquence de ces propos est de nature à impacter le bon fonctionnement du service public ».
« Persécution politique »
L’autre professeur, suivi par près de 160 000 personnes sur Twitter, estime avoir été sanctionné pour ses « critiques contre la politique africaine de la France » et évoque une « persécution politique ». Il a contesté la sanction devant la justice, mais le tribunal administratif de Rouen l’a débouté de sa requête.
« Sans le moins du monde motiver sa décision, un juge administratif de France a rejeté notre recours contre l’exclusion de fonctions professorales que je subis depuis le 14 mars 2023 », a-t-il commenté, alors que la justice doit se prononcer dans un second temps sur le fond de l’affaire.
LA LUTTE CONTRE LA MAFIA FRANÇAFRIQUE CONTINUE !
Sans le moins du monde motiver sa décision un juge administratif de France a rejeté notre recours contre l’exclusion de fonctions professorales que je subis depuis le 14 mars 2023 de la part du Gouvernement Français.
L’arbitre a… pic.twitter.com/zgwWbIEjOT
— NYAMSI WA KAMERUN WA AFRIKA (@FranklinNYAMSI) May 5, 2023
Liberté d’expression
Dans un communiqué, l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public écrit ne disposer que de « données fragmentaires » à propos de ces deux affaires, mais « suffisantes pour susciter l’inquiétude légitime des professeurs ». Elle s’interroge sur « l’usage que pourront faire » les professeurs « de leur liberté d’expression sans risquer d’encourir une sanction administrative, y compris lorsqu’ils critiquent les politiques mises en œuvre par le gouvernement ».