Deux professeurs de philo sanctionnés pour non-respect du « devoir de réserve »

 Deux professeurs de philo sanctionnés pour non-respect du « devoir de réserve »

JOHANNA LEGUERRE / AFP

Ces professeurs de philo ont été suspendus trois mois de leurs fonctions pour leurs prises de parole sur les réseaux sociaux. L’un enseigne à Rouen, l’autre près de Marseille.

Selon le ministère de l’Éducation, ils ont outrepassé leur « devoir de réserve ». L’un des professeurs a été suspendu à partir de la mi-avril. Connu dans le milieu enseignant pour ses propos virulents sur une école qu’il juge à la dérive, il est également vice-président d’Action et Démocratie, un syndicat d’enseignants très minoritaire. « Selon le ministre, mon expression publique et l’audience de mes propos portent atteinte à l’image et la réputation du service public de l’Éducation nationale », a-t-il réagi sur Twitter, réseau sur lequel il compte 105 000 abonnés.

La commission paritaire réunie en conseil disciplinaire lui avait reproché, il y a quelques semaines, de « mettre en avant sa qualité de professeur dans ses prises de paroles publiques ». La commission avait considéré « que la fréquence de ces propos est de nature à impacter le bon fonctionnement du service public ».

« Persécution politique »

L’autre professeur, suivi par près de 160 000 personnes sur Twitter, estime avoir été sanctionné pour ses « critiques contre la politique africaine de la France » et évoque une « persécution politique ». Il a contesté la sanction devant la justice, mais le tribunal administratif de Rouen l’a débouté de sa requête.

« Sans le moins du monde motiver sa décision, un juge administratif de France a rejeté notre recours contre l’exclusion de fonctions professorales que je subis depuis le 14 mars 2023 », a-t-il commenté, alors que la justice doit se prononcer dans un second temps sur le fond de l’affaire.

Liberté d’expression

Dans un communiqué, l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public écrit ne disposer que de « données fragmentaires » à propos de ces deux affaires, mais « suffisantes pour susciter l’inquiétude légitime des professeurs ». Elle s’interroge sur « l’usage que pourront faire » les professeurs « de leur liberté d’expression sans risquer d’encourir une sanction administrative, y compris lorsqu’ils critiquent les politiques mises en œuvre par le gouvernement ».