Deux femmes voilées poignardées sous la tour Eiffel
Deux femmes voilées d’origine algérienne ont été poignardées dimanche soir, vers 20h, au Champ-de-Mars, sous la tour Eiffel. Le motif religieux n’est à l’heure actuelle pas établi. L’agression, au cours de laquelle des insultes racistes auraient été proférées, aurait faite suite à un différend autour d’un chien non attaché.
Ce sont les réseaux sociaux qui ont mis en lumière l’incident. Depuis 24 heures, les publications s’accumulent autour de l’agression à l’arme blanche de Kenza et Amel, deux cousines d’origine algérienne et voilées, avec photos et vidéos de témoins de la scène à l’appui. Une enquête a été ouverte pour tentative d’homicide volontaire par le parquet de Paris, dimanche 18 octobre. Deux personnes sont actuellement en garde à vue au commissariat du 7e arrondissement, chargé des investigations. L’une des deux plaignantes s’est confiée à Libération, tandis que de nouveaux éléments ont été rapportés par Le Monde.
Un chien non attaché
Dans la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, on entend distinctement une femme paniquée crier : « Appelle les pompiers, elle l’a planté », ainsi que les grognements d’un animal, et une femme hurlant : « Lâche-la, grosse bête. » Contactée par Libération, l’une des deux victimes, Kenza, âgée de 49 ans, relate que sa famille, qui se promenait, s’est querellée avec deux jeunes femmes propriétaires d’un chien non attaché qui faisait peur à leurs enfants. Ces dernières auraient refusé de le mettre en laisse. C’est alors que le ton est monté, selon la plaignante, et que les deux cousines ont été poignardées.
« Rentre dans ton pays »
Si Kenza ne pense pas que le mobile soit religieux, elle précise à Libération que des insultes racistes ont été proférées (« sale arabe »), avant que les deux cousines ne se fassent attaquer. Une version confirmée auprès du Monde par sa cousine Amel, qui mentionne également des « on est chez nous », ou « rentre dans ton pays ». Elle précise que l’une des agresseuses a arraché le voile de sa cousine.
Interrogée par Le Monde, Sofia, membre de la famille des plaignantes a déclaré : « Ce que je peux vous dire, c’est que des insultes ont été proférées. Maintenant vous dire que l’agression était intentionnelle, que c’était parce qu’elles portaient un voile, je ne sais pas ».
« Une agression fâcheuse »
Dans le contexte sensible de l’assassinat du professeur Samuel Paty, le motif religieux n’est pas encore établi : « A ce stade des investigations, aucun élément ne permet d’accréditer la thèse d’un mobile raciste ou lié au port du voile », a précisé au Monde une source proche de l’enquête. Une source policière affirme à la même source qu’« il n’y a aucune mention de voile dans la procédure. C’est une agression fâcheuse et lamentable à propos d’un chien, mais il n’y a aucune dimension religieuse qui nous remonte. » Le parquet de Paris, lui, estime que « l’investigation étant en cours, il est trop tôt de notre point de vue pour se prononcer ».
Coups de couteau et perforation du poumon
Les deux victimes ont été transportées par les pompiers en milieu hospitalier. Selon sa famille, la plus jeune des deux cousines, Amel, a reçu de multiples coups de couteau et a dû être opérée de la main. Elle a été placée en arrêt de travail pour deux mois. Quant à Kenza, toujours à l’hôpital, elle a reçu six coups d’arme blanche et subi une perforation du poumon. Son pronostic vital n’est pas engagé.
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