Deux ans de prison ferme en appel pour Khaled Drareni
Le journaliste Khaled Drareni a été condamné mardi en appel à deux ans de prison ferme. Une condamnation lourde qui a totalement ignoré les multiples appels, en Algérie et à l’étranger, au respect de la liberté de la presse.
Avocats, collègues et proches de Khaled Drareni espéraient un jugement clément, sinon une relaxe. La sentence de la cour d’appel a finalement été sévère. Le journaliste, qui a déjà passé six mois en prison, reste donc en détention.
« Deux ans de prison ferme pour Drareni. Nous allons faire un pourvoi en cassation », a déclaré à l’AFP l’un de ses avocats, Me Mustapha Bouchachi. Dans un tweet, le frère du journaliste, Chekib Drareni, s’est dit « écœuré, choqué et déçu de la décision ». Une sentence « qui renforce encore une fois l’injustice en Algérie » selon lui.
RSF, dont M. Drareni est le correspondant à Alger, a rapidement réagi en dénonçant une justice « aux ordres ». Elle met en garde contre la tentation d’essayer de « mettre un mouvement populaire dans une cocotte-minute et de fermer le couvercle ». Son « maintien en détention est la preuve d’un enfermement du régime dans une logique de répression absurde, injuste et violente », a réagi Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF.
« Je suis là parce que j’ai couvert le Hirak en toute indépendance »
En première instance, le reporter de 40 ans avait été condamné à trois ans d’emprisonnement pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale ». Lors du début du procès en appel, il y a une semaine, le procureur avait requis quatre années de prison ferme. L’accusé, également fondateur du site d’information en ligne Casbah Tribune et correspondant en Algérie pour la chaîne de télévision française TV5 Monde, avait défendu son droit de faire son « métier de journaliste ». « Je suis là parce que j’ai couvert le Hirak en toute indépendance », avait-il plaidé.
Détenu depuis le 29 mars, le journaliste a été arrêté après avoir couvert le 7 mars à Alger une manifestation d’étudiants, dans le cadre du Hirak. Il est aussi accusé d’avoir critiqué sur Facebook « la corruption et l’argent » du système politique, selon RSF.
Khaled Drareni était jugé en compagnie de Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, deux figures du Hirak. Le soulèvement a obtenu le départ le président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019. Mais, il a été suspendu mi-mars 2020 en raison de la crise sanitaire. Sous le coup des mêmes chefs d’accusation, MM. Benlarbi et Hamitouche ont été condamnés à quatre mois de prison. Les ayant déjà purgés, ils sont ressortis libres de la cour d’Alger.
Le journaliste est soutenu par une campagne de solidarité tous azimuts, à Alger et à l’étranger. Ses comités de soutien exigent sa libération « immédiate et “inconditionnelle” en raison de son état de santé “particulièrement préoccupant”, selon RSF. Ce procès s’inscrit dans un contexte de répression accrue à l’encontre des militants, des opposants politiques et des journalistes.