Dette soudanaise : Accord sur l’annulation et le rééchelonnement
L’accord sur la dette soudanaise est historique ! Après l’annonce officielle le 17 mai dernier, d’un effacement de la dette par la France de 5 milliards et de 360 millions d’euros par l’Allemagne, le club de Paris annonce avoir trouvé une possibilité pour agir sur 23,5 milliards d’euros de dette soudanaise. Essentiellement composé d’arriérés, 14,1 d’entre eux sont annulés et 9 autres sont rééchelonnés jusqu’en 2024.
29 créanciers ont trouvé un accord pour la dette soudanaise. Le club de Paris mais aussi de 5 pays dont l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Brésil, représentait 23,5 milliards de dollars. 14 milliards d’euros sont purement et simplement annulés, selon le directeur général du Trésor et président du club de Paris, Emmanuel Moulin. Un rééchelonnement de 9,5 milliards jusqu’en 2024 va permettre également de soutenir la présidence d’Abdel Fattah al-Burhan et du premier ministre, Abdallah Hamdok.
« Le Soudan n’aura aucun décaissement sur les intérêts ou le remboursement du principal, à effectuer jusqu’en décembre 2024« , a précisé le président du Club de Paris. Emmanuel Moulin s ‘est ainsi félicité que la mobilisation française sur la dette soudanaise a permis « d’être un « effet de levier » pour les autres créanciers« .
Pour le directeur général du Trésor, « le Soudan fait face à des politiques de réduction de la pauvreté et de soutien aux familles touchées par le Covid-19« . Le pays a déjà entamé certaines réformes notamment sur le taux de change et le cadre de gouvernance.
Le pays sera le dernier à bénéficier des initiatives sur la dette des « pays pauvres très endettés » (PPTE), lancées par le FMI et la Banque Mondiale. Pour ce faire, le Soudan doit apurer tout d’abord auprès des institutions multilatérales (FMI, Banque Mondiale, Banque Africaine de développement). Il doit également mettre en place des réformes économiques.
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Des dettes des années 80 !
Le Soudan est exsangue. L’effondrement du régime islamiste d’Omar Al Bachir, la révolution démocratique et la crise du Covid- 19 ont ruiné le pays. En effet, malgré ses richesses pétrolières et minières, le pays a une dette de 56,6 milliards de dollars en 2020.
Dans cette dette soudanaise, près de 44 milliards concernent des arriérés et des indemnités de retard des échéances non payées par le pays. Certaines datent des années 80 ! Le pays ne pouvait plus en l’état actuel des choses se faire emprunter des nouvelles liquidités sans tout d’abord « épurger » ses vieilles créances impayés.
Avec cette « bouffée d’air frais », Khartoum va pouvoir respirer un peu.
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