Des personnes maintenues en centres de rétention malgré la fermeture des frontières
La situation, déjà critiquée, des centres de rétention administrative (CRA) français s’est encore aggravée avec la crise sanitaire. Aux mauvaises conditions de détention s’ajoute pour beaucoup de personnes enfermées un sentiment d’injustice dû à l’impossibilité de leur expulsion. Une situation dénoncée par la Cimade, qui intervient dans sept de ces centres.
La direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) maintient délibérément des personnes en centres de rétention de manière abusive. C’est ce que rapporte l’organisation de défense des droits des personnes migrantes, qui s’appuie sur les révélations du Canard enchaîné. Le journal d’investigation a en effet eu accès à des instructions internes à la DCPAF mentionnant une liste des seuls pays pouvant faire l’objet d’expulsion en raison des restrictions de déplacement imposées par de nombreux États. Le document précise que les possibilités d’éloignement restent cependant réduites.
Les ressortissants de ces pays retenus en CRA « restent parfois enfermé·e·s pendant de longues périodes sans que l’administration ne parvienne à organiser leur départ », regrette la Cimade. Plus grave, « des personnes enfermées ont la nationalité de pays ne figurant pas sur cette liste, et leur expulsion est donc impossible », dénonce l’ONG. La proportion de personnes expulsées depuis les CRA où La Cimade intervient a chuté à 37 % entre la mi-mars et la mi-juillet contre près de 50 % en 2019.
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Situation explosive
Une situation qui nourrit un sentiment d’injustice, qui s’ajoute à la dégradation des conditions de vie pendant la période estivale. Elle se traduit donc par des actes extrêmes « tels que des automutilations, grèves de la faim, départs de feu, etc. ».
Dans son communiqué la Cimade rappelle que la rétention est légalement réservée aux seules situations où l’administration dispose de perspectives raisonnables pour expulser » les personnes retenues. L’enfermement « est ainsi détourné de son objet légal dans une logique punitive participant à la criminalisation des personnes étrangères », conclut-elle.
La Cimade demande au ministère de l’Intérieur d’en finir avec cette politique et libérer les personnes retenues abusivement.