Des militants des quartiers populaires appellent pour la première fois à voter pour un candidat
C’est un évènement ! Pour la première fois, des militants de terrain des quartiers populaires, originaires de toute la France, appellent publiquement à voter à la présidentielle pour un candidat. Leur choix s’est porté sur Jean-Luc Mélenchon. Selon eux, le seul « gros candidat » à ne pas alimenter la haine des « immigrés ». L’extrême droitisation de la parole politique a fini de les convaincre.
Le Montpelliérain Hamza Arab, militant infatigable des quartiers populaires n’avait jamais appelé à voter pour quelqu’un auparavant. « Personne ne m’a jamais vraiment représenté », avoue-t-il. « Et puis, je les connais un peu. J’ai toujours peur d’être récupéré ».
Comme lui, ils sont un peu plus d’une centaine de militants, originaires des quatre coins du pays, à avoir accepté pour la première fois de donner une consigne de vote. Tous ont donc porté leur choix sur le candidat de l’Union Populaire, Jean-Luc Mélenchon.
Pour peser dans le débat, à trois semaines du premier tour de l’élection suprême, « le réseau national d’acteurs et d’actrices de luttes des quartiers populaires » lancent le manifeste « Présidentielle, les quartiers s’en mêlent ! ».
Parmi les signataires de ce texte, on retrouve une belle brochette éclectique de militants expérimentés, comme les anciens du MIB (Mouvement Immigration Banlieue), Zouina Meddour, Tarek Kawtari, Rachid Amghar ou Samir Elyes, des militants de collectifs de soutien aux sans-papiers, de défense du peuple palestinien, comme le cinéaste Samir Abdallah ; de lutte contre l’islamophobie, Abdelaziz Chaambi en tête.
On retrouve aussi Abdallah El Marbati, responsable local de l’ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France), les dirigeants du MTA (Mouvement des Travailleurs Arabes), des militants du FSQP (Forum social des quartiers populaires), Rachel Kéké Raissa, une des porte-paroles des femmes de ménage de l’Ibis Batignolles, etc.
Les militants toulousains ne sont pas en reste : en compagnie des frères Amokrane, on retrouve leur comparse Tayeb Cherfi du Tactikollectif ou encore Yamina Aissa Djabri de l’association Izards Attitude.
Quelques journalistes ont également accepté de signer le manifeste « pro-Mélenchon », comme Marina Da Silva ou Taha Bouhafs. Le photo-reporter, spécialiste des luttes sociales, Nnoman, ou encore des sociologues de terrain comme Samir Hadj Belgacem ou Marwan Mohammed sont également de la partie. Une seule élue pour l’instant à signer l’appel : Elsa Touré, maire adjointe à Corbeil-Essonnes (91).
« Jean-Luc Mélenchon n’est pas le seul candidat à s’intéresser aux quartiers populaires. Cependant force est de constater que sa vision est totalement différente de ses principaux adversaires. Certains parlent de territoires à reconquérir, d’autres pour ne pas les citer, se donnent 10 ans pour détruire les ghettos en restant très flou sur le devenir des habitants. Le programme de Mélenchon peut paraître insuffisant mais il n’est ni stigmatisant ni insultant à l’endroit des habitants », tient à préciser Hamza Arab pour justifier le « choix Mélenchon ».
« Nous n’avons jamais appelé à voter collectivement pour qui que ce soit. Nous n’avons jamais délégué nos voix à des partis politiques qui ne nous représentent pas, mais, nous ne pouvons rester spectateurs d’une ratonnade politico-médiatique en bande organisée. C’est pourquoi nous avons décidé de nous engager dans la campagne présidentielle en appelant à voter pour le candidat de l’Union Populaire, Jean-Luc Mélenchon. Quelle que soit l’issue des élections nous participerons à la recomposition de la scène politique car sans la prise en compte des acteurs et actrices politiques des quartiers celle-ci fera pschitt… », écrivent les signataires du manifeste.
Parmi eux, certains n’excluent pas d’intégrer l’équipe de Mélenchon pour l’aider à remporter la présidentielle. Tous promettent de garder leur liberté, « sans calculs mesquins et sans compromission ».
Pour lire le manifeste dans son intégralité et le signer le cas échéant : PRÉSIDENTIELLE 2022 : ON S’EN MÊLE