Des centaines d’avocats manifestent à Tunis

 Des centaines d’avocats manifestent à Tunis

Plusieurs centaines d’avocats et défenseurs des droits ont manifesté le 16 mai à Tunis pour protester contre deux arrestations musclées de leurs confrères ainsi que l’agression présumée de l’un d’eux alors qu’il était en détention. Une manifestation qualifiée d’« historique » par ses organisateurs.

 

« L’Etat policier est révolu !« , « non à une magistrature aux ordres ! », ont scandé les avocats tunisiens entre autres slogans, en grève pour la seconde fois en une semaine, vêtus de leurs robes noires, une symbolique non sans rappeler les mêmes images de la Révolution de 2011 qui avait renversé en Tunisie le dictateur Zine El Abidine Ben Ali.

« L’avocat ne se laissera pas humilier !« , « Ni peur ni terreur, le pouvoir est aux mains du peuple !« , ont-ils par ailleurs lancé, lors d’un rassemblement devant le Palais de justice et une brève marche dans les rues adjacentes. « Lâchez donc la presse !« , ont réagi des avocats et des représentants de la société civile venus les soutenir, suite à l’interdiction faite aux médias d’entrer dans la cour du Palais.

Rappelons que les avocats se mobilisent à travers également une grève générale depuis l’arrestation musclée samedi de leur consœur et chroniqueuse Sonia Dahmani alors qu’elle s’était réfugiée dans des locaux de l’Ordre des avocats. En début de semaine, cela était au tour de son collègue Mehdi Zagrouba, considéré comme proche de la mouvance islamiste, d’être emmené de force alors qu’il se trouvait dans ces mêmes locaux.

 

Suspicions de torture

Après son arrestation brutale, l’avocat a dû être hospitalisé en urgence dans la nuit de mercredi à jeudi, « frappé en détention et ayant perdu connaissance » selon des avocats. Le président de la Ligue de défense des droits de l’homme Bassem Trifi a constaté « avec le bâtonnier et des confrères des traces évidentes de violence et torture sur son corps« .

« La Maison de l’avocat est située sur le sol tunisien et n’est pas soumise à un régime territorial afin que quiconque puisse s’y cacher« , a cependant déclaré le président Kais Saïed pour justifier les deux irruptions policières. Les arrestations ont été menées « dans le plein respect de la loi tunisienne qui garantit l’égalité et le droit à un procès équitable », a-t-il assuré, dans une vidéo diffusée par ses services. Pour Saied, qui jouit des pleins pouvoirs depuis un coup de force le 25 juillet 2021, « personne n’est au-dessus de la loi ».

L’Union européenne, les Etats-Unis et la France ont protesté contre la récente vague d’arrestations qui a touché aussi deux chroniqueurs connus et des responsables d’associations d’aide aux migrants. Des critiques que Kais Saied a fustigées dans une vidéo dénonçant une « ingérence étrangère inacceptable », appelant son ministère des Affaires étrangères à convoquer immédiatement les ambassadeurs des pays concernés.

 

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