Dématérialisation du service public : le principe d’égalité mis à mal ?
Rendre le service public plus accessible aux administrés les plus vulnérables. 300 organisations signent un manifeste pour une meilleure inclusion des personnes précaires.
La dématérialisation du service public entraîne la fermeture de nombreuses administrations. Phénomène qui s’est amplifié depuis le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19 au printemps 2020.
« Défaut d’alternative physique, absence de dialogue, insuffisance des dispositifs d’accompagnement (…) souvent en raison de l’insuffisance de moyens humains et de leurs choix d’affectation ». Des difficultés pointées dans un manifeste signé par 300 organisations, dont Médecins sans frontières, « pour un service public plus humain ».
Transfert
Si les signataires du manifeste ne nient pas le fait que cette dématérialisation puisse présenter des avantages pour certaines personnes, ils rappellent que toute une catégorie se retrouve sur le flanc. Si les files d’attentes physiques ont quasiment disparu des administrations, elles sont aujourd’hui devenues « invisibles » selon les organisations.
Toutes ces personnes, qui avaient bien souvent besoin d’accompagnement dans leurs démarches, ont toujours besoin de cette aide mais avec la difficulté supplémentaire de devoir les faire en ligne. Les plus précaires se tournent aujourd’hui vers les associations, syndicats, centres sociaux pour réaliser ces démarches.
Principe d’égalité
Pour les organisations, cette situation « porte atteinte au principe d’égalité d’accès au service public, ainsi qu’à sa gratuité et à sa continuité ».
En novembre dernier, le Livre blanc « Digitalisation du service public : Pour une éthique numérique inclusive » de l’Observatoire de l’éthique publique (OEP) faisait le même constat : « Le choc de la transition numérique emporte notamment des conséquences négatives, immédiates et persistantes sur les usagers, dont les plus vulnérables se trouvent en incapacité d’accéder à leurs droits ».
Avec la dématérialisation du service public, les personnes les plus précaires sont obligées de se tourner vers les associations, syndicats, centres sociaux pour réaliser leurs démarches.