Décès du militant politique de gauche Gilbert Naccache
Figure historique icône de la gauche tunisienne dite perspectiviste, Gilbert Naccache s’est éteint samedi 26 décembre 2020 à l’âge de 82 ans. Ecrivain s’étant illustré dans la littérature pénitentiaire, l’homme avait joué un rôle clé dans la vie politique avant et après la révolution tunisienne.
Fin 2014, nous avions interrogé Gilbert Naccache à son domicile à la Goulette sur son bilan des premières élections législatives libres en Tunisie
Né le 15 janvier 1939, de confession juive, il effectue une partie de ses études à l’Institut national agronomique de Paris. Lorsqu’il rentre dans son pays d’origine, il est recruté au ministère de l’Agriculture comme ingénieur agronome.
Farouche opposant marxiste à Bourguiba et à son régime, il est lourdement condamné en mars 1968 en raison de ses activités politiques à l’époque clandestines au sein du mouvement Perspectives tunisiennes, avant d’être libéré en 1979.
Trois ans plus tard, il publie Cristal en 1982 aux éditions Salammbô, du nom de la marque de cigarettes nationales bon marché, dont il utilisait les paquets et le papier à rouler pour écrire, à défaut de papiers. Il publie également Le Ciel est par-dessus le toit en 2005, en pleine dictature de Ben Ali, ainsi que Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? en 2009, une année avant l’éclatement de la révolution.
Il publie par ailleurs Vers la démocratie ? en 2011, sorte de manifeste recueil de nouvelles, concomitamment avec son engagement dans le mouvement citoyen Doustourna qui promeut une démocratie participative. Puis Le Manchot (et autres nouvelles), en 2013, et Comprendre m’a toujours paru essentiel, ainsi que Entretiens avec Mohamed Chagraoui en 2015, qui viendront chapeauter son œuvre, au moment nous nous étions longuement entretenus avec lui.
Connu pour avoir appelé la gauche communiste tunisienne à faire son introspection critique au lendemain de la révolution, Naccache s’est montré particulièrement sévère vis-à-vis de sa famille politique d’origine. « Que vous le voulez ou non, la révolution tunisienne n’a pas eu de leaders ! », avait-il lancé au premier meeting de la gauche radicale post 14 janvier 2011.