Décès de Jacques Gaillot, l’évêque défenseur des migrants et des exclus

 Décès de Jacques Gaillot, l’évêque défenseur des migrants et des exclus

L’évêque Jacques Gaillot était connu pour ses ses prises de position volontiers provocatrices en faveur des sans-papiers et des sans-abris.

Le célèbre évêque français Monseigneur Jacques Gaillot est décédé mercredi à l’hôpital Pompidou à Paris, à l’âge de 87 ans. Mgr Gaillot était considéré comme le « vilain petit canard de l’Église » en raison de ses prises de position volontiers provocatrices en faveur des sans-papiers, des sans-abris, des homosexuels, du mariage des prêtres et de l’utilisation des préservatifs pour lutter contre le sida.

Né à Saint-Dizier en 1935, Gaillot avait été ordonné prêtre en 1961, après avoir été mobilisé 28 mois en Algérie. Il avait été nommé évêque d’Évreux en 1982, où il avait exercé jusqu’en 1995. Le Vatican lui a retiré ses fonctions pour ses positions trop progressistes.

Il a toutefois retrouvé un titre honorifique d’évêque « in partibus » de Partenia, un diocèse en Mauritanie disparu au Ve siècle et aujourd’hui dit « fantôme ». Gaillot avait fait de ce diocèse un instrument de défense des exclus (sans-papiers, sans-abris, etc.). Il était également co-président de l’association « Droits Devant ! », qui lutte contre la précarité et l’exclusion.

Jacques Gaillot s’est fait notamment connaitre par sa défense régulière des occupations d’immeubles par des familles de mal-logés, notamment migrantes. Il prônait également l’utilisation de préservatifs pour lutter contre le sida, la pilule abortive, l’ordination d’hommes mariés, et bien d’autres sujets.

En 2012, il avait soutenu la famille d’Ali Ziri, un retraité algérien tué lors d’un contrôle de police à Argenteuil. À cette occasion, il avait dévoilé une plaque commémorative et s’était indigné de l’impunité face aux violences policières.

 

Militant pour une Église plus à l’écoute de la société

En juillet 1995, il avait embarqué à bord du Rainbow Warrior lors de la campagne de Greenpeace contre la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique. À l’été 1996, il avait également participé activement à l’occupation de l’église Saint-Bernard à Paris par quelque 300 Africains sans-papiers.

Malgré son éviction en 1995, Gaillot a continué de prêcher pour une Église plus ouverte et plus progressiste. « Si l’Église n’évolue pas, elle disparaîtra. Il faut que l’Église accompagne les mouvements de société. Là, elle essaie de prendre le train en marche. Elle est trop conservatrice, il ne s’y passe pas grand-chose. Concernant le mariage pour tous, pour lequel j’ai manifesté, elle a freiné des quatre fers. C’est pourtant un événement majeur. Nos modèles anciens ne marchent plus », avait-il déclaré dans une interview pour le Parisien.

Monseigneur Jacques Gaillot était un homme engagé et passionné qui aura marqué l’Église catholique française par ses prises de position progressistes et son engagement en faveur des plus démunis. Son décès est une grande perte pour la communauté catholique en France.