Deborah Kayembe, de réfugiée à Rectrice de la 20 ème université au Monde
Deborah Kayembe vient d’être élue Rectrice de l’Université d’Édimbourg, en Écosse. Une révolution qui bouscule les codes. C’est la première femme noire à être à la tête de cette prestigieuse institution.
Un port de tête élégant et un joli minois, Deborah Kayembe est surtout une ancienne réfugiée qui a gravi les échelons à la force du poignet. Elle est née à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), il y a quarante-cinq ans. Elle est avocate, linguiste, auteure et militante des droits humains. Après avoir mené une belle carrière d’avocate dans son pays natal, elle a dû se réfugier en Grande Bretagne. A partir de 2011, Deborah Kayembe s’installe en Écosse.
Membre du Barreau congolais depuis 2000, Deborah Kayembe n’a pu visiter son pays depuis son départ précipité. Elle est recherchée par un groupe armé qu’elle avait contribué à démasquer. L’avocate avait dû fuir, il y a 16 ans pour échapper aux représailles.
Promouvoir un meilleur enseignement pour le continent africain
A la nouvelle de sa nomination, la jeune femme fait cette déclaration aux médias : « J’exprime un sentiment de profonde gratitude pour ceux qui m’ont désignée en tant que candidate. C’est une grande responsabilité. Je suis un exemple qui montre au monde que si vous êtes capables de réaliser les bonnes choses et de lutter pour la justice, en vous oubliant vous-mêmes et en mettant la cause des autres en avant, la récompense sera toujours grande. »
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En quatre siècles, 53 recteurs se sont succédé à la tête de la prestigieuse institution, tous blancs dont deux femmes. Déborah Kayembe est la première femme noire à occuper ce poste. « Je n’ai jamais imaginé que cela puisse m’arriver un jour. Je n’ai rien demandé. Tout m’est arrivé sur un plateau et je l’ai saisi.»
En Écosse également Déborah Kayembe a dû se battre contre le racisme cette fois-ci dont elle a été victime avec sa fille. La militante a même lancé une pétition pour que le parlement écossais se penche sur la question du racisme dans le milieu éducatif. D’autres points à l’ordre du jour s’ajoutent désormais à son agenda. La nouvelle Rectrice espère promouvoir un meilleur enseignement pour le continent africain. « L’Afrique a besoin de l’éducation, de la meilleure éducation. Mon rôle sera de m’assurer que ce soit tout en haut de l’agenda. »
Sa nomination est suivie de près par tout un pays, « il y a un sentiment de fierté nationale ». Quant à ses proches, « ils attendant la cérémonie d’inauguration pour venir en Écosse et voir de leurs propres yeux », dit-elle mi-fière, mi-amusée.