Dans le ventre du Congo, le roman qui raconte l’histoire tue d’un Zoo humain
Dans le ventre du Congo de Blaise Ndala, un texte historico-romanesque qui explore le silence coupable entourant l’exhibition d’Africains lors de l’exposition universelle de Bruxelles en 1958.
Un roman qui dès sa publication par les éditions du Seuil, cette année, ne cesse de rafler les Prix. Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression française 2021. Prix Ahmadou-Kourouma 2021. Finaliste, Prix des cinq continents 2021. Sélection, Grand Prix du roman métis 2021.
L’auteur, Blaise Ndala est né en 1972 en République démocratique du Congo. Il a fait des études de droit en Belgique. A partir de 2007, il ira s’installer au Canada. Il y a publié deux romans salués par la critique ; J’irai danser sur la tombe de Senghor (L’Interligne, 2014, prix du livre d’Ottawa), et, Sans capote ni kalachnikov (Mémoire d’encrier, 2017, lauréat du Combat national des livres de Radio-Canada et du prix AAOF).
Dans ce dernier texte, Dans le ventre du Congo, l’auteur alerte sur : « un double silence, du côté congolais, où l’on a mis cette histoire sous le tapis, et du côté belge, où l’on est dans une certaine nostalgie coloniale ».
« Nous voudrions exhiber cinq ou six Nègres en bonne santé »
Dans le Ventre du Congo est l’histoire de la princesse Tshala Nyota Moelo qui se rebelle contre les interdits imposés par sa condition. Elle s’affranchit des codes d’une des plus prestigieuses monarchies du Congo précolonial. Séduite par un jeune colon belge, elle le suivra. La princesse finira dans le dernier zoo humain de l’Europe. Le lecteur est violemment projeté au cœur d’un « village congolais », fait historique réel, de l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles de 1958.
On apprend, extrait du texte, que : « le comité table sur un minimum de dix Congolais…. Nous voudrions exhiber cinq ou six Nègres en bonne santé. Robustes et habiles de leurs mains et qui sachent chanter et danser. Et autant de Négresses bien en chair qui soient tout aussi douées. Si nous pouvions mettre la main sur un ou deux enfants de moins de huit ans d’ici la date butoir du 1er avril, l’affaire serait considérée comme réglée. »
L’auteur exhume un passé douloureux pour « la pacification des mémoires pour celles et ceux qui de Kinshasa à Bruxelles espèrent sans y croire que le passé puisse passer un jour ».
Blaise Ndala voulait qu’une maison d’édition africaine édite l’ouvrage « à coût raisonnable dans le continent ». C’est fait, grâce aux éditions Vallesse en Côte d’Ivoire. Le roman multi-primé est actuellement distribué au Sénégal et au Cameroun et bientôt au Congo. Là où tout a commencé !
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