Dans la zone d’attente : des numéros remplacent les noms

 Dans la zone d’attente : des numéros remplacent les noms

Un demandeur d’asile mineur portant le bracelet 8a, pour le lier à son père, qui porte le numéro 8. Photo Cimade/Anafé

À la Réunion, la police remplace les noms des demandeurs d’asile en zone d’attente par des numéros. Sous couvert de simplifier leur travail, les autorités utilisent « des pratiques humiliantes » qui déshumanisent, selon les associations de défense des droits humains.

46 demandeurs d’asile srilankais, dont 5 enfants, sont arrivés le 24 septembre au Port à La Réunion à bord d’une embarcation. La police, qui les a interpelés, les a immédiatement placés en zone d’attente. Au lieu de les enregistrer avec leurs noms, les autorités ont introduit l’utilisation de bracelets numérotés.

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« Au motif de simplifier le quotidien, les autorités policières et judiciaires usent de pratiques avilissantes, déshumanisantes et racistes pour identifier les personnes », s’indignent l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (ANAFÉ) et la Cimade dans un communiqué.

Selon les deux ONG, qui ont accompagné des avocats dans la zone d’attente, les policiers utilisent uniquement ces numéros pour identifier les demandeurs d’asile. S’adressant aux avocats, les policiers demanderaient ainsi « Vous voulez voir quel numéro ? ». Leurs clients ont d’ailleurs conservé leurs bracelets lors de leurs audiences devant le juge des libertés et de la détention, le juge des référés du tribunal administratif et la Cour d’appel de la Réunion.

 

Vice de procédure

« Ces traitements dégradants n’ont à ce jour pas été sanctionnés par les juges administratifs et judiciaires », s’insurgent les deux associations. Ajoutant que les juges « n’ont pas hésité à reproduire ces pratiques illégales ». Le juge des libertés et de la détention a ainsi demandé à un interprète de traduire « la même question au 4 et au 12 ». Les enfants également portent le même bracelet. Les deux fils du demandeur d’asile portant le numéro 8 ont reçu des bracelets similaires 8a et 8b.

« Un pas supplémentaire a été franchi dans le processus de déshumanisation à l’œuvre dans tous les lieux d’enfermement administratif des personnes étrangères », estiment l’ANAFÉ et la Cimade. Elles attendent des autorités compétentes qu’elles sanctionnent ces pratiques d’un autre âge.

La cour d’appel a libéré 39 personnes lundi 26 septembre pour vice de procédure. Mais, les autres demandeurs d’asile « qui ont été victimes de ces pratiques humiliantes doivent être immédiatement remis en liberté », plaident les ONG.