Entrepreneur et autodidacte
Il a grandi en région parisienne, dans les Hauts-de-Seine, entre la cité des Quatre-chemins à Colombes et le Petit-Nanterre. Pas beaucoup de perspective entre les tours… En 1998, à tout juste 18 ans, le bac en poche, « pendant que les copains faisaient du sport », Daniel Hierso a créé sa première entreprise.
Les études, ce n’était pas vraiment pour lui. Militer dans une association, comme le font beaucoup d’habitants de quartier, non plus. Alors, pour quitter le quartier, entreprendre, c’est parfois le seul espoir. Daniel Hierso se lance. Sa première entreprise ne passera pas le cap des 3 années, manque de culture business. Mais il se relancera avec d'autres associés un an plus tard avec une belle réussite.Puis, très vite, il goûte à l’investissement, dans le secteur de l’immobilier. Il fait de l’accompagnement de chefs d’entreprise également. C’est comme ça qu’il entre dans le milieu des affaires, avec une certaine facilité pour en adopter les codes.
Logiciel de la famille traditionnelle
Ce besoin d’entreprendre, ce sont ses parents qui lui ont transmis, par l’intermédiaire de la fameuse valeur du travail. Pour Daniel Hierso, « la culture du travail est intrinsèque aux familles issues de l'immigration ». Il évoque l’idée d’un « logiciel de la famille traditionnelle », que l’on retrouve à la fois auprès des familles issues des quartiers, du milieu ouvrier et celles issues du milieu rural. « Même si le chômage de masse a mis fortement à mal ces notions depuis les années 70, il est important de revenir à ces valeurs aujourd'hui afin de lutter contre l'assistanat (pour les uns) ou le découragement (pour d'autres), quand on a fait l'effort d'être diplômé et que l'on ne trouve pas de job à cause de son implantation géographique, son phénotype ou son nom », explique-t-il.
Réflexe d’entrepreneur
En 2005, la famille de Daniel Hierso est frappée par un drame : il perd ses deux parents et un cousindans le crash de l'avionde la West Carribean au Venezuela. A ce moment, il fait de la « gestion de crise », comme un réflexe d’entrepreneur qui prend le dessus et qui lui permet peut-être de tenir… Il participera activement à la mise en place des premières réunions entre institutionnels et associations de victimes par la suite dans le secteur de l'aérien.
Pour que cesse la victimisation
Pour comprendre son parcours, il y a une autre date qui est importante, c’est 2009 : des émeutes secouent l’Outre-mer. C’est à ce moment, qu’il crée « Outre-Mer Network » (OMN) avec Jocelyn Golitin,un réseau d’entrepreneurs pour que cesse la victimisationet pour mettre en avant « ceux qui créent de la valeur et de l'innovation ». A ce jour, OMN c'est plus de 4 600 entrepreneurs mis en réseau physiquement en Ile-De-France, Lyon, Bordeaux, Outre-Mer et à l'international, près de 400 projets conseillés et/ou financés, un programme d'insertion pour les jeunes diplômés via son association partenaire Jeunesseoutremer.org.Toujours cette fameuse valeur travail, celle qui anime également l’engagement de Daniel Hierso dans la tenue du forum « Osons la banlieue », qui a eu lieu au mois de novembre dernier. Il s’agissait du premier forum économique des quartiers populaires, avec, pour objectif, de « libérer le potentiel économique de nos territoires par l'émergence des talents, des initiatives et des opportunités » cofondé avec Said Hammouche et Aude de Thuin.
Chloé Juhel