« Millénium Blues », la nostalgie de Faïza Guène
Son 5e roman vient de paraître aux éditions Fayard. Dans « Millénium Blues », Faïza Guène raconte la vie de « Zouzou », pour illustrer la manière dont « le monde a changé à partir du forfait Millénium », « la crasse des années 2000 », ce millénaire qui « nous a volé le feu ».
Passée l’inéluctable interrogation de la part d’autobiographie dans ce récit, on se plonge volontiers dans la vie de « Zouzou », Zouina dans le civil, cette enfant déchirée par le divorce de ses parents « avant moi, c’était le paradis », cette jeune femme absorbée par sa première histoire d’amour, cette mère décidée à ne plus jamais déserter sa meilleure amie.
« Langue du sentiment »
Au milieu de tous ces personnages, Zouzou s’oublie souvent, elle pense d’abord aux autres avant de s’occuper d’elle. Elle mesure « les baisses de moral » de son père « au niveau de remplissage du cendrier », ce père qui ne parle que trop rarement le berbère, « la langue du sentiment ».
Zouzou encaisse aussi le « mal de mer » quotidien de sa mère, celle qui « a raté sa vie ». Elle observe, pleine d’admiration, sa meilleure amie Carmen, « la sœur que j’ai toujours rêvé d’avoir ».
Et elle décide de faire un « métier utile » parce qu’elle ne fera jamais un « métier que j’aime », pour devenir aide à domicile auprès de Simone, une femme âgée.
Zouzou rencontre aussi Eddy, seul moment furtif où elle pense un peu à elle. Court répit car cet homme devient vite « un étranger », certains diront même un pervers narcissique.
« Bande originale de ma vie »
Il y a aussi beaucoup de joie dans ce roman. Avec d’abord l’image de Youri Djorkaeff, « mon premier amour », à qui Zouzou s’adresse sur la porte de son frigo. Puis Charles Ingalls, le modèle masculin par excellence. Et enfin, il y a bien sûr Abba, groupe disco mythique qui ne la quitte pas tout au long du récit, dans les bons et les mauvais moments, « la bande originale de ma vie ».
Chloé Juhel
« Millenium Blues », Faïza Guène, aux éditions Fayard