L’adaptation rapide de l’Institut du Monde Arabe au Covid-19

 L’adaptation rapide de l’Institut du Monde Arabe au Covid-19


#LimaALaMaison ou comment l'Institut du Monde Arabe (IMA) a très vite réagi au confinement avec une programmation en ligne très variée.


Le monde de l'art et de la culture est très durement touché par cette période de confinement due à la pandémie de Covid-19. Cependant, l'Institut du Monde Arabe (IMA) a rapidement mis en place un dispositif, sous la marque #LimaALaMaison, permettant aux internautes d'avoir accès à divers contenus culturels. Spectacles inédits, danse, ateliers, musique et même un tutoriel pour fabriquer son masque avec de beaux textiles. L'IMA entend poursuivre sa mission culturelle, avec beaucoup d'ingéniosité, auprès du public. Romain Pigenel, directeur de la stratégie, de la communication et des relations extérieures, nous parle de l'adaptation express au confinement et des perspectives d'avenir de l'IMA.


Vous avez très vite su rebondir suite au confinement. La mise en place de cette configuration 100% virtuelle a-t-elle été compliquée ?


Dès que l'IMA a fermé ses portes au public, c'est-à-dire le week-end où il y a eu le confinement général, Jack Lang, le président, a souhaité que l'on trouve des solutions pour ne surtout pas perdre le lien avec le public. Nous sommes une institution qui vit d'événements. On a à la fois des outils permanents qui sont notre musée et notre bibliothèque mais on a aussi une programmation événementielle que nous avons dû annuler par exemple le festival de la danse arabe, ou des choses à venir comme le festival de musique Arabofolies au mois de juin. C'est pourquoi nous avons très vite lancé une sorte de marque, #LImaALaMaison (…) Dans les premières semaines du confinement, nous avons eu la volonté de proposer vraiment des événements à part entière, qui ne soient pas la rediffusion d'enregistrements que nous avions ou autre, mais de créer vraiment des spectacles avec des artistes, des partenaires et des amis de l'IMA (…) C'était vraiment la volonté de proposer quelque chose qui ait la même richesse et le même degré d'inventivité que ce que proposent toutes les équipes en temps normal quand l'IMA est ouvert.


Comment les artistes ont-ils accueilli ce nouveau format ? Ont-ils été enthousiastes ou dubitatifs… ?


Aujourd'hui dans l'économie du spectacle vivant, les gens sont quand même dans une situation très compliquée, puisque les artistes un peu partout ont dû annuler leurs spectacles. Nous avons été frappés par l'enthousiasme avec lequel les gens répondaient. La première chose que nous avons mis en place, c'est que nous avons proposé à tous les danseurs qui avaient vu le printemps de la danse arabe annulé, de faire des performances depuis chez eux. Nous avons eu la majeure partie des gens qu'on aurait dû programmer à l'IMA qui ont fait des performances dansées, dans la cour de leur immeuble, dans leur pièce de vie… Nous avons des belles rencontres aussi comme Nawel Ben Kraïem, qui était déjà intervenue à la nuit de la poésie et qui devrait présenter son prochain album en showcase à l'automne à l'IMA, à qui on a dit « ce que vous faites de chez vous, en musique confinée, est-ce que vous ne voulez pas le faire avec nous sur notre site » (…) Je trouve qu'il y a une très belle énergie en ce moment avec tous les gens du spectacle, de la culture, qui ont envie de faire des choses, même si ce qu'ils devaient faire en live, dans des salles a été annulé. Ce sont des belles rencontres et une formidable énergie qui permet de monter des avec très peu de moyens et de manière parfois très simple, des lives, parfois en quelques heures.


Avez-vous prévu des événements spéciaux pour le Ramadan ?


Nous sommes en train de préparer toute une série de concerts à la maison. Nous allons proposer, à la fois une programmation musicale, des conférences et par exemple, nous auront jeudi (30 avril) Abdennour Bidar qui va intervenir sur une conférence sur l'Islam. La programmation sera annoncée très prochainement. En essayant aussi de s'adapter en faisant des choses un peu plus tard, comme notamment lundi (27 avril) le live de Nawel Ben Kraïem on l'a déplacé un peu plus tard dans la soirée pour l'adapter au tempo du ramadan.


Est-ce un format qui pourrait perdurer après le déconfinement et surtout après la réouverture au public de l'IMA ?


De ma connaissance, c'est la première fois que l'IMA investit massivement dans des productions qui sont vraiment faites exprès pour le digitale. C'est vrai que jusqu'ici, principalement, les outils digitaux étaient utilisés par l'IMA pour faire de la communication. Là nous avons fait l'expérience de créer, de développer toute une programmation, qui est faite expressément pour les créneaux digitaux. Ça fait maintenant 5 ans que nous développons des concerts de musique électronique sous la marque Arabic sound system. Il n'y avait jamais rien eu en ligne d'enregistré pour l'instant, et là nous avons enchaîné, pendant trois week-end d'affilée, des DJs, qui avaient déjà travaillé avec l'IMA, qui ont accepté de faire des mix en ligne. Donc moi je ne conçois pas que l'on débranche ça quand l'IMA aura réouvert (…) parce que il est extrêmement probable que, pendant encore minimum des mois, le fonctionnement des organisations culturelles continuera à être perturbé et qu'on ne pourra pas accueillir librement 10 000 personnes comme on le faisait d'habitude (…) Nous n'avions jamais eu de telles performances en termes quantitatifs sur ce que nous faisions en ligne au nom de l'institut du Monde Arabe. On voit aussi que c'est extrêmement regardé et suivi dans le monde arabe, par des gens simplement en France qui n'ont pas les moyens d'habitude, ou pas le temps, de venir à l'IMA. Pour nous ce n'est pas simplement quelque chose qui a été fait pour répondre à une situation problématique, ça nous a permis d'expérimenter de nouveaux formats, de gagner de nouveaux publics. C'est vraiment la volonté de Jack Lang d'intensifier tout ça et de réfléchir à comment on pourrait offrir de plus en plus de contenus de ce type là aux gens qui nous suivent.