Crise alimentaire en Algérie et en Tunisie : « fort risque de tensions sociales »

 Crise alimentaire en Algérie et en Tunisie : « fort risque de tensions sociales »

La hausse des prix des produits alimentaires avait largement contribué à la crise sociale à l’origine des printemps arabes démarrés en Tunisie.

« La guerre en Ukraine a créé les conditions parfaites pour une crise alimentaire mondiale qui pourrait durer des années », affirme l’assureur Allianz Trade. Dans une étude, le N°4 mondial de l’assurance estime que onze pays, dont l’Algérie et la Tunisie, présentent un risque élevé de tensions sociales en raison de la flambée des prix alimentaires.

« Le choc sur les prix alimentaires mondiaux représente une inquiétude particulièrement grande pour les pays qui sont importateurs nets d’aliments ou de certains aliments devenus rares en raison de la guerre en Ukraine, à l’instar des céréales », écrit l’assureur dans une étude publiée le 14 juin (lien en anglais). Cette crise alimentaire « pourrait même entraîner la chute de certains gouvernements comme lors des printemps arabes ».

L’étude fait ainsi référence aux mouvements de contestations populaires au tournant des années 2010. Les tensions sociales avaient alors largement créé les conditions des révoltes qui ont provoqué la chute de plusieurs régimes. À l’époque, les prix alimentaires avaient augmenté de 50%, rappelle Allianz Trade. Or, le prix du blé est désormais supérieur aujourd’hui à son niveau de 2012.

 

L’Algérie, la Tunisie, l’Égypte et le Liban en première ligne de la crise alimentaire

L’assureur estime ainsi que onze États sont particulièrement à risque de voir émerger des conflits sociaux dans les prochaines années. Il s’agit de l’Algérie, la Tunisie, la Bosnie-Herzégovine, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines, la Turquie, et le Sri Lanka. Ce dernier pays traversant déjà sa pire crise économique depuis son indépendance.

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D’autres pays importateurs nets de nourriture présentent selon l’assureur un risque de conflits sociaux, mais moins élevés. Notamment la Roumanie, Bahreïn, ou le Kazakhstan. L’Arabie saoudite et la Chine sont aussi dans cette catégorie. Mais, les risques de conflits y sont plus bas, car ils disposent de moyens financiers suffisants pour maitriser cette crise.

 

Le précédent des émeutes du pain de 2008

Le Fonds monétaire international a alerté fin avril sur « les risques de troubles sociaux » en Afrique subsaharienne en raison de la flambée des prix des aliments. Le directeur du département Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie, avait confié à l’AFP être « inquiet » face à la situation.

Des protestations violentes avaient éclaté en 2008 dans une trentaine de pays suite à une augmentation des prix des aliments. Ces « émeutes du pain » avait eu lieu notamment dans les Caraïbes, au Sénégal et au Cameroun, ainsi qu’au Maghreb. En Tunisie, cette année avait vu se développer le principal mouvement de contestation de l’ère Ben Ali dans le bassin minier de Gafsa.