Crachat sur des pèlerins chrétiens : une « tradition » qui fait scandale en Israël
Le crachat en direction de pèlerins chrétiens, largement répandue parmi la communauté juive orthodoxe, connaît une recrudescence en Israël.
La police israélienne a annoncé avoir arrêté plusieurs individus soupçonnés d’avoir craché en direction de pèlerins chrétiens à Jérusalem. Une attitude qui suscite une vive indignation au sein de la communauté chrétienne, mais qui trouve des soutiens au plus haut sommet de l’État en Israël.
Le crachat en direction de pèlerins chrétiens est devenu un sujet de préoccupation majeur en Israël. Cette pratique, largement répandue parmi la communauté juive orthodoxe, connaît une recrudescence inquiétante, s’inscrivant dans une récente vague d’actes antichrétiens. Des vidéos montrant ces actes d’hostilité ont largement circulé sur les réseaux sociaux. Elles montrent des juifs orthodoxes, en particulier des jeunes, crachant sur des églises ou des fidèles chrétiens.
Sur l’une d’elles, des membres d’une procession de juifs orthodoxes crachent aux pieds de fidèles chrétiens asiatiques portant des croix sur la Via Dolorosa, le parcours traditionnel retraçant le chemin de croix du Christ à Jérusalem.
Viral video recorded on Oct. 2 in the Old City of Jerusalem shows religious Jewish people spitting on Asian Christian pilgrims during an Orthodox procession. pic.twitter.com/5iXglmnsP2
— Andy Ngô 🏳️🌈 (@MrAndyNgo) October 5, 2023
En réponse à l’indignation suscitée par ces images, les autorités ont arrêté cinq personnes, dont l’une appartenait au groupe de juifs orthodoxes impliqué dans la vidéo. La veille de ces arrestations, le Premier ministre israélien avait promis une « tolérance zéro » envers de tels actes et condamné fermement toute tentative d’intimidation des fidèles.
« Vieille tradition juive »
Cependant, les condamnations ne font pas l’unanimité au sein de la coalition au pouvoir, composée de plusieurs partis extrémistes et ultraorthodoxes. Itamar Ben Gvir, leader du parti Force juive et ministre de la Sécurité nationale, a minimisé ces actes de haine, les qualifiant de « vieille tradition juive ».
La récurrence de ces actes de haine antichrétienne n’est pas surprenante pour de nombreux observateurs de la vie politique israélienne. L’arrivée au pouvoir de partis suprémacistes juifs en 2022 aurait créé un climat d’impunité pour les groupes radicaux qui ciblent régulièrement les Palestiniens, les chrétiens et la communauté LGBT++.
Une hostilité de plus en plus forte envers les non juifs
La communauté chrétienne en Israël compte environ 182 000 personnes, dont une majorité d’Arabes, représentant environ 1,9 % de la population totale. La récente vague d’actes antichrétiens soulève des inquiétudes quant à la coexistence entre les trois principales religions à Jérusalem, alors que les Églises chrétiennes signalent une multiplication des actes hostiles, y compris des profanations de tombes, des actes de vandalisme contre des églises, des insultes et des crachats.
Les experts estiment que l’arrivée au pouvoir de partis radicaux en Israël a exacerbé ces tensions et encouragé des groupes extrémistes à s’en prendre aux minorités religieuses, notamment les chrétiens. La réaction du gouvernement israélien et la réponse de la société à ces actes d’hostilité antichrétienne seront surveillées de près dans les prochains mois.
