Covid-19 : Vers une production de vaccins en Afrique
L’Afrique du Sud a annoncé lundi la première étape pour doter le continent d’une capacité de production de vaccins anti-Covid. Mais, les premières doses made in Africa n’arriveront pas avant de longs mois. En attendant « les gens continuent de mourir », s’indigne le président Cyril Ramaphosa en référence à l’inégalité dans la répartition des vaccins.
Le dirigeant sud-africain est fer-de-lance du combat pour la levée temporaire de la propriété intellectuelle sur les vaccins anti-Covid et contre de l’inégalité vaccinale. Il a de nouveau dénoncé cette inégalité à l’occasion d’un point de presse de l’Organisation mondiale de la santé à Genève portant sur la mise en place de capacités de production de vaccins en Afrique (lien en anglais).
« On voit bien qu’on ne peut pas compter sur les vaccins qui sont fabriqués en dehors de l’Afrique, parce qu’ils ne viennent jamais », a estimé lundi M. Ramaphosa. Ces vaccins « n’arrivent jamais à temps et les gens continuent de mourir », a-t-il ajouté.
La situation presse pourtant dans son pays. L’Afrique du Sud représente à elle seule plus de 35% du total des cas de Covid-19 enregistrés sur le continent. Elle connait de plus actuellement une troisième vague d’infections massives. Mais, comme la majorité des pays en développement, Pretoria voit les vaccins aller dans les pays riches ou dans les pays qui, comme l’Inde, les produisent à grande échelle.
2 % de primovaccinés en Afrique
Seuls 2 % de la population du continent africain a eu au moins une dose, a affirmé le président Ramaphosa. Pendant ce temps les États-Unis et l’Europe visent les 70 % de la population totalement immunisée dans les prochains mois. Le Maroc fait exception avec ses plus de 12 % de vaccinés à la fin mai grâce notamment à son partenariat avec des fabricants du précieux sérum.
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L’annonce de lundi doit pallier à terme ce déséquilibre. Il s’agit de mettre en place un « centre de transfert de technologie » pour les vaccins anti-Covid à ARN messager. Ceux-là mêmes qui se sont révélés extrêmement efficaces à l’instar des sérums de Pfizer-BioNTech ou Moderna. Ils semblent aussi plus facilement adaptables à des nouveaux variants.
« Ce pôle de technologie permettra une réponse rapide pour le développement de nouveaux vaccins que ce soit pour les variants du Covid 19 ou de futurs pathogènes sur le continent africain et au bénéfice du monde entier », a affirmé le président français Emmanuel Macron, dans un message enregistré. Il s’était engagé, outre le don de vaccins, à aider l’Afrique à mettre sur pied sa propre capacité de production. Le projet est porté par un consortium sud-africain composé des sociétés de biotechnologies Biovac et Afrigen Biologics and Vaccines, d’un réseau d’universités et des Centres africains de contrôle des maladies (CDC).
L’OMS a déjà mis en place de tels centres dans le but de stimuler la production mondiale de vaccins contre la grippe. Ces centres ont donc un savoir-faire et fournissent une formation aux fabricants locaux. Les industriels des pays à faible et moyen revenu qui sont intéressés peuvent y trouver la formation et les licences nécessaires. L’OMS et ses partenaires apportent leur savoir-faire en matière de production, de contrôle qualité et les droits intellectuels.
9 à 12 mois à attendre
Dans la configuration sud-africaine, Biovac sera le développeur, Afrigen le fabricant, et le réseau d’universités apportera les connaissances en matière d’ARN messager, avec le soutien technique des CDC Afrique. L’OMS a souligné que le hub sud-africain avait des capacités disponibles.
« C’est une étape importante qui va donner des résultats à moyen terme » a mis en garde le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. À court terme, « nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour augmenter la production et la distribution équitable de vaccins à travers Covax ».
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La cheffe scientifique de l’OMS, Soumya Swaminathan, a en effet expliqué que les premiers vaccins produits en Afrique n’arriveraient que dans « les 9 à 12 mois qui viennent » dans le meilleur cas. S’il fallait faire appel à de nouveaux procédés d’utilisation de l’ARN messager, il faudrait plus de temps notamment à cause des nécessaires essais cliniques.