Covid-19-Mayotte : des expulsions malgré l’urgence sanitaire

 Covid-19-Mayotte : des expulsions malgré l’urgence sanitaire

Mayotte –Juin 2020 : des expulsions de migrants malgré l’urgence sanitaire. CAMILLE LECAT / AFP

Alors que la situation liée au Covid-19 commence à peine à s’améliorer à Mayotte, l’Etat reprend les reconduites aux frontières à l’urgence sanitaire.

 

Reprise des admissions

La question d’une éventuelle prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 30 octobre se pose pour Mayotte. Pourtant le gouvernement relance les reconduites aux frontières. Lors de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale du 22 mai dernier, le ministre Jean-Yves Le Drian estimait que les dispositifs sanitaires étaient désormais sûrs entre les Comores et Mayotte. « Je pense que nous allons pouvoir aboutir à une reprise des admissions. Avec les garanties sanitaires nécessaires » indiquait le ministre des Affaires étrangères. Ce dernier confiait même en avoir demandé à son homologue comorien de reprendre les réadmissions.

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De la prison à l’expulsion

L’Observatoire de l’Enfermement des Etrangers (OEE) et le collectif Migrants Outre-Mer (Mom) décrivent une situation préoccupante. « Au 4 juin 2020, 183 détenus (sur un total de 323) de la maison d’arrêt de Majicavo ont été contrôlés positifs au Covid-19.  Suite d’un dépistage massif décidé par l’agence régionale de santé » révèlent les organisations. Malgré tout, en dépit du risque sanitaire, des détenus en fin de peine « ont été transférés au centre de rétention administrative. En vue de l’exécution d’une mesure d’éloignement ».

Blocage administratif

Et les mesures d’éloignement pourraient s’accélérer. Les personnes en attente d’un premier titre de séjour, ou d’un renouvellement, se heurtent à la fermeture des services de la préfecture de Mayotte due au Covid-19. Elles « pourraient être expulsées sans que leur situation ait fait l’objet d’un examen », selon l’OEE et le collectif Mom.  Mayotte est, avec la Guyane, le seul territoire français où l’épidémie n’est pas maîtrisée. La reprise des expulsions fait donc craindre la soustraction de nombreux migrants au suivi épidémiologique. L’OEE et le collectif Mom appellent donc « à renoncer à la reprise des expulsions ». Ils refusent également la fermeture des « lieux d’enfermement administratif ».