Amnesty International accuse le Qatar de ne pas avoir tenu ses promesses sur le travail

 Amnesty International accuse le Qatar de ne pas avoir tenu ses promesses sur le travail

Qatar . Amnesty International a accusé le Qatar de n’avoir pas tenu sa promesse de réformes de sa législation du travail pour les migrants. AFP / PHOTO


 


Ce jeudi 21 mai 2015, Amnesty International a accusé  le Qatar de n'avoir pas tenu sa promesse de réformes de sa législation du travail pour les migrants, au centre de vives critiques en vue de l'organisation de la Coupe du Monde en 2022.


 


Le Qatar a aussitôt souligné son désaccord avec les conclusions du rapport de l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres, en affirmant avoir apporté des améliorations substantielles aux conditions des migrants.


Dans le dernier de ses rapports dénonçant des "abus", Amnesty accuse le riche émirat gazier du Golfe d'avoir failli à sa promesse, faite en 2014, d'introduire des réformes dans des domaines cruciaux : versement des salaires, système de parrainage dit "Kafala" qui met l'employé à la merci de son employeur, restrictions sur un changement d'employeur.


Pour Mustafa Qadri, un chercheur d'Amnesty, il y a "de sérieux doutes sur l'engagement du Qatar à lutter contre les abus sur les migrants". Selon l'organisation, qui se base sur des statistiques obtenues auprès des gouvernements d'Inde et du Népal, plus grands pourvoyeurs de migrants, 441 travailleurs de ces deux pays sont morts au Qatar en 2014. Amnesty ne précise pas les causes des décès.


"Le gouvernement avait fait des promesses pour améliorer les droits des travailleurs migrants, mais dans la pratique il n'y a pas eu de progrès significatifs", ajoute M. Qadri en soupçonnant le Qatar d'avoir voulu faire "une simple opération de relations publiques". Amnesty énumère neuf domaines "fondamentaux" pour la réforme et affirme que Doha n'a réalisé que "des progrès limités" dans cinq d'entre eux.


Le Qatar est notamment visé pour son manquement à désigner 300 inspecteurs du travail avant fin 2014 et pour la lente introduction d'un système électronique pour la paie des salaires, même si cette dernière mesure est "la plus importante réforme" entreprise jusqu'ici.


"Nous sommes en désaccord avec un nombre d'allégations d'Amnesty", a réagi le ministère du Travail et des Affaires sociales du Qatar dans un communiqué. Il a affirmé que des améliorations avaient bien été faites, en citant le paiement des salaires par carte électronique et les meilleures conditions d'hébergement de plus de 250.000 travailleurs.


Il a affirmé avoir 294 inspecteurs du travail et l'intention de le porter ce nombre à plus de 400 avant fin 2015. Il a aussi relevé que les transferts des migrants avaient dépassé 12 milliards de dollars en 2014, "beaucoup plus que ce qu'ils peuvent gagner dans leurs pays".


Amnesty a appelé la Fédération internationale de football (Fifa), qui tient la semaine prochaine son congrès pour élire un nouveau président, à "accorder la priorité" à ce dossier et à "exhorter les autorités qataries, publiquement et en privé, à mettre en œuvre de véritables réformes". La Fifa a promis dans un communiqué de "continuer à exhorter les autorités qataries à accomplir les réformes et abolir le système de la Kafala".


Elle s'est aussi félicitée que sa Coupe du monde "serve de catalyseur à un changement significatif" de la situation des travailleurs immigrés et a souligné "qu'aucun des incidents mentionnés dans le rapport ne s'est déroulé sur les sites des stades" du Mondial-2022 que le Qatar doit accueillir. La Fifa espère que les "standards" imposés aux entreprises collaborant à ces chantiers "servent de référence dans le pays entier".


Lundi (18 mai), la BBC a indiqué qu'un de ses journalistes avait été détenu pendant 24 heures à Doha après avoir filmé des travailleurs népalais employés sur un chantierEt mercredi, deux sponsors officiels de la Fifa, Coca Cola et Visa, ont exprimé leurs inquiétudes sur les conditions de travail des immigrés sur les chantiers. A suivre….


Nadir Dendoune