Île-Saint-Denis : Le témoignage bouleversant de Sophia qui a perdu son beau-père
« Mon beau-père est mort hier (jeudi 26 mars) du Coronavirus. Et pas un membre de sa famille ne l’a vu à l’hôpital avant qu’il ne s’éteigne. Son fils, mon mari, est arrivé 10 minutes en retard, à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. Dix minutes …»
« Mon beau-père, 75 ans, était hospitalisé depuis le 16 mars et toutes les visites lui étaient interdites. Et ça, on le comprend : c’est pour ne pas contaminer d’autres personnes. Sa mort nous a tous surpris. C’est arrivé si vite. Si brutalement.
« La réalité du Covid-19, c'est ça : on pense que ça va aller parce qu’on sait que la plupart des malades guérissent. Et puis ça vous tombe dessus. Et puis, certains patients plus fragiles que d’autres ne s'en remettent pas.
« Depuis le 16 mars, mon beau-père n a pu recevoir aucune visite. Un coup de fil tous les trois jours de son médecin pour nous donner des nouvelles. Et un matin, on vous appelle pour vous dire qu’une seule personne pourra lui dire adieu.
« Ce jeudi matin, l’hôpital nous a donc appelés autorisant un membre, seulement un membre de la famille à venir lui dire Adieu. Un seul. Alors que tant d’autres auraient aimé le saluer une dernière fois. Mon beau-père laisse derrière lui une épouse, quatre enfants, 10 petits enfants.
« Les places sont devenus chères dans les hôpitaux. En Ile-de-France, ou dans l’Est de la France, il ne reste quasiment plus de lits en réanimation. Nous arrivons malheureusement à une période horrible et dévastatrice où nous allons compter les décès.
« Je suis en colère et je voudrais dénoncer l'irresponsabilité du gouvernement qui a mis trop de temps à prendre les mesures radicales de confinement. Alors, par pitié restez chez vous ! Que ce soit en Seine-Saint-Denis ou ailleurs, restez chez vous ! Pensez à vos grands parents, à vos parents, à vos proches…
« Aujourd’hui, nous ne savons pas comment nous allons pouvoir enterrer mon beau-père. Il aurait tant aimé être enterré dignement sur sa terre natale, au Maroc. Ce ne sera sans doute pas possible. J’ose espérer que cette longue période de confinement nous fera réfléchir. Et qu’il y aura un avant et un après. Qu’on changera tous notre manière de vivre. Et de se comporter entre nous ».