Comptage des masques par vidéo surveillance : le décret qui inquiète

 Comptage des masques par  vidéo surveillance : le décret qui inquiète

Le décret n° 2021-269 du 10 mars 2021 prévoit le recours à la vidéo intelligente pour mesurer le taux de port de masque dans les transports

Le gouvernement a passé en toute discrétion un décret permettant de mesurer le taux de port de masque dans les transports. Problème pour les défenseurs de la protection des données personnelles : ce comptage se fait automatiquement au moyen de la vidéo surveillance.

Le décret n° 2021-269 du 10 mars 2021 prévoit le recours à la vidéo surveillance pour mesurer le taux de port de masque dans les transports. Dans son article 1, le texte mentionne explicitement l’utilisation d’un « traitement logiciel spécifique permettant l’analyse en temps réel du flux vidéo ».

Pour ce faire, les exploitants des réseaux de transports pourront utiliser les « caméras fixes situées dans les véhicules ou les espaces accessibles au public ». Même si le décret stipule que les images ne feront l’objet d’aucun stockage ou transmission à des tiers, le texte suscite de vives inquiétudes.

Pour la Quadrature du Net (LQDN), « il s’agit d’un coup de force autoritaire pour imposer un sentiment de “déjà-là” et éroder le rejet massif par la population des technologies d’analyse vidéo automatisée ». L’association, pionnière dans la défense et la promotion des droits et liberté sur Internet, parle d’un détournement des objectifs de la vidéoprotection.

 

Un décret « mensonger »

Pour calculer le taux de port du masque, les logiciels procéderont à « un traitement de données biométriques qui cache son nom », estime LQDN dans une série de tweets. En effet, « le dispositif analyse forcément des visages pour compter les personnes et les masques », ajoute-t-elle.

L’ONG annonce préparer une analyse juridique détaillée pour contester le décret. Mais, elle dénonce déjà « une absence manifeste de “nécessité” » d’un tel texte. Selon elle, le comptage par les agents humains « est parfaitement possible et probablement plus fiable ».

De plus, l’anonymat annoncé par le décret serait « trompeur, voire mensonger ». En effet, l’analyse par tranches horaires relativement courtes permettrait « en pratique d’identifier une personne ».