Classement RSF Liberté de la presse 2024 : La Tunisie classée 118ème

 Classement RSF Liberté de la presse 2024 : La Tunisie classée 118ème

A l’occasion de la célébration en ce vendredi 3 mai 2024 de la Journée mondiale de la liberté de la presse, ainsi décrété par l’Assemblée générale des Nations Unies depuis 1993, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a publié son traditionnel classement mondial de la liberté de la presse. Si la Tunisie y gagne trois places par rapport à l’année précédente, l’embellie n’est en réalité pas si flatteuse.

Notons que l’ONG qui vient de publier son rapport de 2024 dans lequel la Tunisie se classe 118e sur les 180 pays étudiés estime que le pays regagne certes trois places depuis son classement de 2023 où la Tunisie occupait le 121ème rang, mais aussi que l’année dernière fut celle d’une dégringolade historique de pas mois de 27 places perdues en un an.

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Dans son analyse, RSF épingle tout particulièrement la région Maghreb – Moyen-Orient, considérant que celle-ci est celle où la situation est « la plus préoccupante » dans le Classement de la liberté de la presse 2024, dont le top 3 est toujours occupé par des pays scandinaves :

« Dans la grande majorité des pays Maghreb – Moyen-Orient, l’indicateur politique de la liberté de la presse est en chute libre. Les autorités poursuivent leurs tentatives de contrôle de la presse par tous les moyens : violences, arrestations, lois liberticides, pressions financières et instrumentalisation des normes sociétales. À cela s’ajoute une impunité systématique des crimes commis contre les journalistes », déplore le rapport.

Pour rappel, en 2019, avant le coup de force constitutionnel de 2021 qui a à nouveau concentré tous les pouvoirs au Palais de Carthage, la Tunisie connaissait l’une de ses meilleures années en la matière en progressant de 25 places pour se hisser à la 72ème place, occupant à l’époque la première position dans le Maghreb et le monde arabe. Un statut occupé aujourd’hui par le Qatar à la 33ème place du classement.

 

Arsenal juridique et prison ferme

Les années 2023 – 2023 resteront dans l’histoire récente du pays comme celles de l’entrée en application du sinistre décret-loi 54, un texte ultra répressif visant en théorie à « lutter contre les fausses informations et rumeurs » sur le web, mais utilisé dans les faits pour intimider et faire taire certaines voix dissonantes, notamment celles de l’opposition et de la presse non alignée.

Le 17 avril, le tribunal de première instance de Tunis a condamné à six mois de prison ferme le journaliste Mohamed Boughalleb, critique virulent du président Kais Saïed, arrêté après une plainte en diffamation d’une fonctionnaire du ministère des affaires religieuses. Celle-ci l’accuse d’avoir « porté atteinte à son honneur et sa réputation ».

Avant lui Zied El Heni, le célèbre journaliste et commentateur politique qui anime une matinale quotidienne sur la station de radio indépendante IFM, a été convoqué et placé en garde à vue après avoir critiqué à l’antenne les résultats de la ministre du Commerce. Il a écopé en janvier d’une peine de six mois de prison avec sursis.