« Un jour ça ira », un regard bienveillant sur la galère

 « Un jour ça ira », un regard bienveillant sur la galère

« Un jour ça ira » est un documentaire consacré à deux ados qui vivent à l’Archipel


« Un jour ça ira » est un documentaire consacré à deux ados qui vivent à l’Archipel, un centre d’hébergement d’urgence parisien. Le film sort aujourd’hui en salle.

 


Le centre a depuis fermé ses portes. Les personnes présentes dans ce film vivent aujourd’hui ailleurs, dans des logements pérennes ou d’autres lieux éphémères. Ce film est un moment suspendu, au contenu précieux. Un moment de vie, celle de Djibi, « héros » du film, adolescent attachant à la réflexion mâture et juste. Il y a aussi Ange, autre adolescente, plus effacée. Le documentaire est structuré autour d’eux et de leurs proches. Stan et Edouard Zambeaux ont choisi de construire leur narration autour de leur quotidien, en huis clos, au cœur de l’Archipel, ce centre d’hébergement d’urgence parisien, situé dans le 8e arrondissement de la capitale, comme un troisième personnage du film. Mais, qui, donc, aujourd’hui n’est plus. Été 2016, l’association Aurore a en effet dû rendre les clés de ce lieu si particulier, « il fait penser à un hôpital », raconte Djibi, « mon couloir, c’est un voyage dans le monde ». Ce centre a offert un toit aux familles à la rue, souvent des mères avec leurs enfants, mais aussi à des personnes qui viennent parfois de loin, d’Afghanistan, du Soudan. « Avec tous les enfants du centre, on s’est créé notre petit monde », confie la voix off de l’adolescent.



Racines


Djibi, c’est un « serial déménageur ». À 13 ans, il a déjà changé d’adresse 5 fois, « déménager, c’est pas une vie. On en perd ses racines ». Grâce à l’Archipel, il participe à un atelier d’écriture initié dans le cadre de la Zone d’Expression Prioritaire. « Ca me fait du bien d’écrire », les mots glissent sur son papier, « la lourdeur des valises contraste avec la légèreté de ma vie », et résonnent plus tard dans la bibliothèque du centre, au moment de dire au revoir à l’Archipel, devant tout le monde, devant sa mère surtout, avec cette page qu’il s’évertue à lire, tremblant, alors qu’il la connaît par cœur. « Où sont mes racines ? », scande Djibi, « ça m’a donné des forces d’être ici ». La scène est forte, le spectateur écrase une larme à la vue de celles de l’adolescent. L’humanité de Djibi parle pour celle de tous les autres, plus pudiques. Et ça fait du bien.


Chloé Juhel

 


« Un jour ça ira », film de Stan et Édouard Zambeaux

En salle le 14 février