L’apollon de Gaza, un documentaire à ne pas rater
Le 16 août 2013, à Gaza, Jawdat Abou Ghourab, un jeune pêcheur palestinien, croit avoir repéré un cadavre à quelques mètres de fond tandis qu’il est train de remonter ses filets. Il se jette alors à l’eau et découvre une imposante statue. Après plusieurs heures d’efforts, aidé par d’autres pêcheurs, Jawdat réussit à remorquer la statue jusqu’à la plage. Il vient de faire une découverte dont il ne soupçonne pas l’importance : la sculpture quasi intacte, haute de 1,70 mètres et lourde de près d’une demi-tonne, est un Apollon en bronze daté, du Ve ou IVe siècle av. J.-C.
Cette statue d'une valeur inestimable va disparaître dans d’étranges conditions. Intrigué, le réalisateur suisse Nicolas Wadimoff décide d'aller enquêter sur place. Tourné à Gaza et à Jérusalem en 2017, L’Apollon de Gaza se déploie comme un film-enquête. Un thriller archéologique, politique et poétique. Alors que son documentaire sort dans les salles française ce mercredi, Nicolas Wadimoff, déjà auteur de plusieurs films sur la Palestine, a accepté de répondre à nos questions.
Comment êtes-vous tombé sur cette histoire ?
Je lis beaucoup la presse. Un jour, il y avait cet article du Monde qui racontait qu'un pêcheur gazaoui avait découvert une statue d'Apollon, avant que celle-ci ne finisse par disparaître dans de mystérieuses conditions. Ça m'a tout de suite intrigué. J'y ai tout de suite vu la possibilité d’un film. C'était également une bonne occasion de retourner à Gaza, une terre que j’aime, peuplée de gens que j’aime. Pour moi, chercher l’Apollon c’était chercher la lumière…
C'est à dire ?
Ce film interroge notre propre rapport à la vérité, notre rapport à la mémoire. Ce documentaire est un prétexte pour parler de cette mémoire dont les gens de Gaza sont les porte-paroles. En faisant ce film, je voulais montrer le beau de Gaza qu'on montre très peu. Parler de Gaza d’une manière différente, aller dans les angles morts, mettre en valeur ce passé prestigieux, une terre de croisement des civilisations, un endroit où les cultures se brassaient, où les gens se rencontraient. A Gaza, par exemple, quand vous creusez 5 mètres sous terre, vous tombez sur un port grec….Tout l’enjeu de ce film, c’était de trouver la place pour la poésie, retrouver ce sentiment de quiétude que je ressens quand je vais à gaza, loin des représentations médiatiques. Parler des gens qui y vivent autrement que par le sang et les larmes. Les habitants de Gaza, malgré leur quotidien terrible, continuent à rester debout et à se projeter vers l’avenir, grâce à l’humour, à la distance qu’ils arrivent à prendre.
Avez-vous rencontré des difficultés pour faire ce film ?
Oui. D’abord, même avant de partir, c’était compliqué d’obtenir les autorisations pour aller tourner sur place. Pour rentrer à Gaza, il faut soit appartenir à une ONG, soit être journaliste, ou appartenir à une rédaction très précise, seules quelques unes d’entre elles peuvent accéder à Gaza. La télévision suisse m’a beaucoup aidé. Et puis, je n’avais que 14 jours pour tourner, deux semaines pour faire un long film documentaire, c’est un temps très court, surtout à Gaza qui souffre du blocus israélien depuis 2007. Une fois sur place, c’était très tendu. Le Hamas est très présent à Gaza. Pendant le tournage, ils n’étaient pas très présents physiquement mais on les sentait toujours là. Ils ont des oreilles et des yeux partout. Comme il s’agit d’un sujet sensible, qui met en cause certaines factions du Hamas, ils n’étaient pas très contents qu'on s'attarde sur cette question de l'Apollon. On devait donc slalomer avec les autorités et ne pas dire frontalement qu'on s'intéressait à l’Apollon. On disait qu'on s'intéressait plus à l'archéologie et à l'histoire, ce qui était aussi vrai…Enquêter sur l’Apollon, c’était risquer de raviver les tensions qui existent entre les différents factions à Gaza.
Avez-vous pu montrer le film en Palestine ?
En Cisjordanie Occupée oui, comme à Ramallah, ou Jérusalem ; mais aussi dans les pays arabes, comme en Egypte, en Tunisie ou en Jordanie. L'accueil a toujours été formidable, avec beaucoup d'émotions. Nous n’avons pas pu le montrer à Gaza malheureusement. La projection a été annulé au dernier moment parce que le consulat Suisse et l'institut français (NDLR : qui organisaient les projections) estimaient que les conditions n'étaient pas réunies. Ils avaient peur que le film ravive les tensions entre les factions. On espère qu’on pourra le montrer aux habitants de Gaza très vite.
Où se trouve la statue aujourd'hui ?
Je ne peux pas vous le dire mais j’ai ma petite idée. Le dire peut mettre en danger certaines personnes sur place. Ce que je sais, c’est que l’Apollon se trouve toujours à Gaza.
Le réalisateur accompagne son film. Voici les dates et lieux des projections :
Cinéma La Turbine à Annecy vendredi 17 janvier
Cinéma Publicis à Paris dimanche 19 janvier à 11h
Espace Saint Michel à Paris dimanche 19 janvier à 16h30
Cinéma le Rex de Châteaurenard vendredi 24 janvier
Cinéma Henri Verneuil à La Valette samedi 25 janvier
Cinéma Marcel Pagnol à Cotignac dimanche 26 janvier
Cinéma le Concorde à Mitry Mory samedi 1er février
Cinéma l’Escurial à Paris dimanche 2 février à 11h
Cinéma Utopia à St Ouen L’aumône lundi 3 février
Cinéma Le Studio à Aubervilliers mardi 4 février
Cinéma Le Mélies à Montreuil 19 février
Cinéma au ciné Laon à Laon mercredi 18 mars
Cinéma Le Majestic à Compiègne Jeudi 19 mars
La page Facebook du film :
L'Apollon de Gaza au cinéma le 15 Janvier 2020