Des figues en avril, un hommage aux « chibanias »

 Des figues en avril, un hommage aux « chibanias »

crédit photo : Camille Millerand


Dans son documentaire, Nadir Dendoune raconte l’histoire de sa mère, une “Kabyle des montagnes” venue en France dans les années 1960. Seule dans son HLM, Messaouda Dendoune livre un témoignage poignant, symbole d’une génération d’émigrés trop souvent oubliée. 


Dans son film documentaire Des Figues en avril, notre collègue Nadir Dendoune rend un vibrant hommage à sa mère et à toutes ces femmes qui ont suivi leur mari dans les années 1960. Ces oubliées qui ont traversé la Méditerranée à contrecœur pour venir élever leurs enfants dans un environnement inconnu et souvent hostile. A travers les tâches de son quotidien, laver le sol, faire le café, préparer à manger, on suit le parcours d’une femme tiraillée par l’exil et la nostalgie. Désormais seule depuis que son mari, atteint de la maladie d’Alzheimer a quitté le domicile pour vivre dans une maison médicalisée, cette fille de la montagne, où elle gardait les chèvres, évoque avec pudeur son enfance, sa vie dans la banlieue parisienne et la tristesse d’avoir vu son retour au pays devenir impossible. La faute à une “corruption” insupportable. “Elle aime l’Algérie plus que tout. Elle en veut aux dirigeants qui n’ont pas œuvré pour le bien commun et qui, d’une certaine façon, ont été l’un des obstacles au retour de centaines de milliers d’exilés algériens”, expose Nadir. Sa maison en Kabylie, construite pour accueillir ses rêves de retour, restera désespérément vide. “Elle n’a pas digéré, et ne digérera jamais, l’exil. Mais elle fait avec. Elle s’est sacrifiée pour ses enfants”, poursuit son fils.


 


La douleur liée à l’exil


Malgré son vague à l’âme, elle a appris à vivre avec le manque de son pays d’origine. En France, elle a découvert beaucoup, notamment la solidarité dans sa barre HLM, cité Maurice-Thorez à l’Ile-Saint-Denis. Loin des clichés négatifs véhiculés par ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Avec ses voisins, devenus des amis, elle a pu partager la douleur liée à l’exil. La France est devenue son pays, même si l’Algérie n’a jamais quitté son cœur. Et puis, ici vivent ceux qu’elle aime, ses enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants que l’on aperçoit furtivement lors d’un déjeuner.


Si l’on ressent dans ses mots et son regard la douleur de la solitude, sans son compagnon de soixante-trois ans à qui elle rend visite chaque jour, Messaouda garde la foi et accepte son destin. Face caméra, en plan serré, bercée par les chansons de Slimane Azem, elle illumine ce documentaire par ses boutades et son sourire. Le film de Nadir Dendoune nous entraîne avec dignité à la rencontre d’une femme qui s’est sacrifiée pour sa famille, témoin d’une distance inexorable qui s’est creusée avec les générations suivantes, symbolisée par l’échange bilingue avec son fils, elle en kabyle, lui en français. Au montage, Stéphanie Molez a aussi été celle qui a convaincu Nadir de porter ce témoignage rare et poignant à l’écran. Une idée lumineuse. 


Les projections de Mai : 


CINEMA JEAN GABIN A ARGENTEUIL : 


Mercredi 9 mai à 17h45

Jeudi 10 mai à 19h15

Vendredi 11 à 19h00

Samedi 12 mai à 19h00" 



LA TURBINE  CRAN CHEVRIER (74)

Jeudi 10 mai à 19h15

Vendredi 11 mai à  17h15

Lundi 14 mai à 20h45

Mardi 15 mai à 17h00



UTOPIA  AVIGNON



Mercredi 9 mai 2018 à 17h15

vendredi 11 mai 2018 à 12h10

dimanche 13 mai à 11h00



Séances spéciales avec débat  :



– Le 11 mai à 20h, à Herouville Saint Clair (14) au café des Images 



– Le 12 mai à 14h45 à Freyming Merlebach (57) au CGR 



– Le 14 mai à 20h à Corbeil Essonnes (91) au cinéma Arcel 



– Le 17 mai à 19h, à Nantes au cinéma Katorza 



– Le 18 mai à 19h à Dunkerque au Studio 43 



– Le 19 mai, à 17h, à Saint Ouen (93) à L'Espace 1789 



– Le 20 mai à 14h30 à Bondy (93) à L'Espace André Malraux



– Le 24 mai à 20h30 See (près d'Alençon)



– Le 25 mai à 19h à Saint-Denis (93) à L'Écran 



– Le 30 mai à La Ferme du Buisson Marne La Vallée  



– Le 31 mai à Oyonnax