Darina Al Joundi : « c’est l’être humain qui me porte »
Le Liban est à l'honneur du 13e Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient. La comédienne Darina Al Joundi en est la marraine. Interview.
LCDL : Peut-on dire qu’à travers vos œuvres, et ici encore en étant la marraine de cet événement, c’est le rapport à l’altérité qui vous porte ?
Darina Al Joundi : J’ai toujours été l’autre. Je suis née en étant l’autre, d’un père syrien, d’une mère libanaise. Au Liban, j’étais la Syrienne et inversement en Syrie, j’étais la Libanaise. J’étais toujours l’autre. Quand j’ai voyagé, j’étais l’autre également. Et l’autre, c’est un être humain finalement. C’est tout ce qui nous arrive qui me travaille tout le temps… les histoires des gens, le vécu. Oui, on peut dire que c’est l’être humain qui me porte.
Lors de ce 13e Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient, il y aura un focus sur « la vitalité de la création cinématographique libanaise ». Vos racines sont libanaises, quel regard portez-vous sur la création cinématographique de votre pays d’origine ?
Je suis de près tout le paysage cinématographique de ma région. Je ne me détache pas de ça et je suis particulièrement tout ce qui se passe au niveau théâtre, télévision, culturel… et pour le Liban évidemment plus que les autres. Je vois que cela fait une dizaine d’années qu’il y a un vrai mouvement de production. La production ne se limite désormais plus qu’aux films d’auteurs. Elle est tellement variée qu’il y a des films commerciaux à grand public, des films d’auteurs, et même des films qui copient des oeuvres étrangères. Il y a de tout. Cela commence et c’est ce qui est intéressant. C’est ce qui fait qu’un jour ça deviendra une vraie industrie. Le public libanais est là. Il y a beaucoup de salles proportionnellement à la taille de notre pays.
Vous avez décidé de quitter le Liban et de venir vous installer en France en 2005. Vous envisagez de retourner y vivre ?
Y vivre, pas du tout ! Peut-être si j’arrive un jour à la retraite ou si j’ai envie de soleil… Pour y vivre aujourd’hui, non. Je ne veux pas parce que là-bas, je n’ai pas la liberté de m’exprimer comme je le veux. La censure est trop présente. Et je n’ai pas envie de m’autocensurer pour pouvoir créer. La France est mon pays de choix. Je l’aime beaucoup. J’y vis d’une façon qui me comble.
Propos recueillis par Chloé Juhel
13e Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient, du 27 mars au 14 avril, à Paris et en Seine-Saint-Denis