Chroniques à Budapest : Trois Français présents au marathon

 Chroniques à Budapest : Trois Français présents au marathon

de gauche à droite : Chahdi Hassan, Morhand Amdoumi, Mehdi Frère. Crédit photo KMSP/FFA

Notre journaliste Nadir Dendoune couvre les championnats du monde d’Athlétisme à Budapest. Il revient pour nous, sur les 3 chances françaises de la finale du marathon qui aura lieu demain matin.

Sur l’épreuve reine de la course de fond, le marathon, qui aura lieu ce dimanche matin dès 7h, trois français défendront les couleurs de l’équipe de France lors de ces Mondiaux d’Athlétisme. Les Ethiopiens partent grand favoris.
Morhad Amdouni, détenteur du record de France en 2h05’22’’, Hassan Chahdi, record en 2h08’11’’ et Mehdi Frère 2h08’55, nouveau chez les Bleus, qui a remplacé Nicolas Navarro blessé, tenteront de faire bonne figure dans une course qui risque d’être difficile, d’abord le niveau international qui ne cesse de s’élever et la chaleur étouffante présente dans la capitale hongroise depuis plus d’une semaine.
Lucides, les trois Français, rencontrés peu de temps avant la course, savent que décrocher une médaille paraît très compliquée.

Hassan Chahdi dans les temps du marathon

Dans une course qui risque de se gagner aux alentours de 2h05, Hassan Chahdi table sur un chrono tout juste en dessous de 2h10.  «Je pense que cela correspond à mon niveau actuel », assume Hassan Chahdi, qui revient d’une petite blessure au niveau du genou contractée après le marathon de Boston en avril dernier. «Aujourd’hui, je n’ai plus aucun pépin physique et j’ai pu me préparer normalement », se réjouit néanmoins le Savoyard.
Morhad Amdouni a enchaîné les blessures depuis le marathon de Paris. Dernière en date : un tibia douloureux. «On a dû mal à trouver des spécialistes pour soigner ma blessure, se désole le Corse, mais aujourd’hui, tout va bien. J’ai fait des bons entraînements et j’espère finir dans les huit premiers».

Mehdi Frère agacé mais fier de sa participation au marathon de Budapest

Mehdi Frère paraît un peu agacé. Il aurait aimé être prévenu un peu plus tôt de sa participation aux Mondiaux. « La personne que j’ai remplacée a laissé trainé la blessure. J’ai été prévenu que le 22 juillet, il y a cinq semaines. J’étais en train de préparer le marathon de Berlin (NDLR : il aura lieu le 24 septembre). J’ai dû donc changer mon entrainement, râle l’athlète. Mais je ne regrette pas : c’est le choix du coeur, porter les couleurs de l’équipe de France, ça ne se refuse pas même si je sais que je ne ferais ni un chrono, ni une place », explique-t-il.
Mehdi Frère n’a pas eu le temps de faire une adaptation spécifique à la chaleur mais cela ne le perturbe pas. Il redoute plus les ravitaillements «compliqués dans les Championnats, où ça se bouscule plus». Pour lui, « un Top 20, serait un bon résultat, un top 16, ça serait génial et un Top 12 ça serait exceptionnel».

Le Marathon des JO de Paris en ligne de mire

Même s’ils s’en défendent, les trois Français ont surtout les yeux rivés sur Paris l’année prochaine. Ils savent qu’ils marqueront des points avec une bonne performance ici à Budapest. « Tout peut ne pas se jouer à Budapest », nuance Hassan Chahdi. Si je suis régulier cette année, je me qualifierai pour les Jeux», mise le marathonien.  « Si je fais les minimas (NDLR : 2h08.10, cela devrait suffire pour aller aux Jeux car je ne pense pas qu’on soit beaucoup en France à pouvoir les rivaliser », veut croire Mehdi Frère. De toute façon, on fera les comptes fin avril 2024 ». Morhad Amdouni ne ressent aucune pression en prévision des Jeux de Paris.  « Je prends chaque jour l’un après l’autre. J’ai déjà la chance d’être présent ici à Budapest ».

Bilan désastreux de l’équipe de France

A propos du bilan désastreux de l’équipe de France, -aucune médaille à 24h de la fin de la compétition, les trois athlètes sont sur la même longueur d’onde. Pour Morad Amdouni, « l’athlétisme est un sport pauvre. Il faudrait plus d’investissement de la part des pouvoirs publics. Plus de moyens pour les athlètes pour qu’ils puissent s’entraîner plus confortablement. Cela éviterait des tensions entre les athlètes ».
Hassan Chahdi aimerait une plus grande présence humaine. « Il faudrait sensibiliser la fédération. Je me sens un peu esseulé à Montélimar. Pour faire des séances de qualité, c’est difficile. Je n’ai même pas quelqu’un qui peut me suivre à vélo pour les entraînements. J’aimerais aussi partir en stage plus souvent ».  « En France, on est une dizaine d’athlètes en moins de 2h10 sur marathon et on n’a pas les moyens de partir en stage », confirme Mehdi Frère. Pour l’athlète, le bilan de l’équipe de France à ces Mondiaux n’est pas surprenant. « On récolte ce qu’on a semé. L’argent, c’est le nerf de la guerre et dans l’athlétisme, il n’y en a pas, dénonce Medhi Frère. D’ailleurs, dans l’Education, et la Santé, c’est pareil, les moyens ne sont pas mis ».
«Pour un pays qui va accueillir les Jeux, c’est inquiétant. Et je ne vois pas comment on va pouvoir avoir de meilleurs résultats l’année prochaine », conclut dépité le marathonien.