Chroniques à Budapest : Orbàn, proche de l’orgasme…

 Chroniques à Budapest : Orbàn, proche de l’orgasme…

Notre journaliste Nadir Dendoune est à Budapest en Hongrie pour couvrir les Championnats du monde d’athlétisme. Hier soir, c’était jour de fête nationale en Hongrie. Et Victor Orbàn, le premier ministre, présent au stade, était proche de l’orgasme.

Il faisait tellement lourd, tellement chaud, tellement humide, que s’il avait pu, il se serait mis torse nu. Il aurait crié : « Putain, je kiffe ! C’est ma journée aujourd’hui !»

Primo, Bence Halasz, athlète hongrois, beau bébé d’un 1m 88 pour 86kg, poussé par des milliers de spectateurs hongrois en folie, venait de lancer son marteau à 80m82. Un jet fabuleux qui le propulsait sur la troisième marche du podium. Une première médaille pour le pays hôte dans ces Mondiaux où on attend toujours que ça se débloque pour la France, malgré la présence ce lundi soir de deux Français en finale du 110m haies .

Un beau parcours de l’équipe d’Hongrie surtout à domicile, c’est tout bénef pour le dirigeant Orbàn. En 1998, Feu Jacques Chirac qui n’y connaissait rien au foot, avait très vite compris qu’il fallait jouer le mytho et est devenu du jour au lendemain fan numéro 1 des Bleus. Cerise sur le ghetto pour l’Elysée, Zidane et les siens allaient remporter leur première étoile mondiale. 3 ans plus tard, SuperChichi avait été réélu haut la main.

>>Lire aussi : Chroniques à Budapest : Le 100 m, la course du plaisir court

Un jour particulier pour la médaille de bronze de Bence Halasz

Au stade, Victor Orbàn n’est pas seul. Il  est assis avec son poto, le très nationaliste président turc Erdogan venu spécialement d’Ankara pour participer aux célébrations de la fête nationale et aussi peut-être apprendre du leader hongrois et comment se servir du sport comme arme politique.

Manquait plus que son autre Fréro Poutine, pour faire une belote à trois. Ce 20 août, c’était Fête nationale en Hongrie. Le peuple magyar célèbre comme tous les ans la fondation de son État. Alors, vous comprenez pourquoi Orbàn double-jubile.

Victor Orbàn a compris très vite le bénéfice qu’il pouvait tirer de tels événements sportifs organisés sur son sol. J’ai discuté longuement avec un journaliste hongrois qui préfère se faire appeler Zoltan et qui me racontait que le leader d’extrême droite, après avoir repris le pouvoir en 2010, -il avait déjà été premier ministre entre 1998 à 2002-,  utilisait à fond le sport pour raviver le sentiment de fierté nationale et faire gagner du prestige à la Hongrie à l’échelle internationale. L’organisation de tels événements redore aussi son image auprès de son peuple.

>>Lire aussi : Chroniques à Budapest : Le 10000 m sur piste, une course à part…

Macron aussi aux Jeux Olympiques de Paris ?

Le Président Macron a fait pareil en se faisant mousser lors de la finale de la Coupe du monde au Qatar en décembre dernier. C’était assez ridicule, je le sais et ça semblait tellement fake. L’année prochaine, aux JO de Paris, les Jeux Olympiques Première classe-derniers de corvée, il va pouvoir recommencer, cette fois-ci pendant deux semaines et à domicile.

Janka est venue au stade avec son fils et son mari. Grande, sportive, elle est bénévole dans un club d’athlétisme à Budapest. Elle est en colère. « Avec Orbàn, le sport ce n’est que du bling-bling. Il y a de gros moyens pour les sportifs de haut niveau mais rien pour développer le sport, à l’échelle locale, rien pour les classes populaires », peste la daronne.

>>Lire aussi : Chroniques à Budapest : « Un air suffocant de Budapest à l’Ile-Saint-Denis »

Zoltan confirme

Depuis six, sept ans, mon confrère m’explique qu’Orbàn pousse pour que son pays organise le plus de compétitions sportives. Par exemple, quatre matches de football de l’Euro 2021 se sont disputés en Hongrie, les demi-finales et finale de l’Euro masculin de handball ont été joués dans la capitale hongroise, les championnats du monde de natation ont eu lieu à Budapest en juillet 2022, les trois premières étapes du Tour d’Italie 2022 ont démarré en Hongrie, etc…

Mais Victor Orbàn n’invente rien.

Dans les années 1950 et 1960, au temps de la Hongrie communiste, le gouvernement se servait aussi du sport pour améliorer son image à l’étranger et affirmer sa supériorité, à l’instar de ce que faisait l’Allemagne de l’Est.

>>Lire aussi : Chroniques à Budapest : un « métèque » chez Victor Orban

Un rêve pour Budapest

Le rêve de Victor Orbàn serait aujourd’hui d’organiser les Jeux Olympiques en Hongrie. Il a déjà échoué par le passé, -la candidature de Budapest aux JO-2024 avait été retirée à quelques mois de l’attribution en 2017, à cause de la pression d’un fort mouvement d’opposition. Comme plus personne ne veut des Jeux Olympiques, -c’est cher, c’est écologiquement irresponsable, et les retombées sont minimes pour le pays, le leader d’extrême droite devrait arriver à ses fins. Et d’ici-là, la guerre en Ukraine sera finie, Poutine aura de nouveau la côte auprès des dirigeants de ce monde. ll pourra alors venir tranquillement kiffer le spectacle à Budapest, avec sa famille….