Chroniques à Budapest : Alexandra Tavernier : « Tout est possible »

 Chroniques à Budapest : Alexandra Tavernier : « Tout est possible »

Crédit photo : KMSP / FFA

Notre journaliste Nadir Dendoune couvre les mondiaux d’athlétisme à Budapest. Il a rencontré la lanceuse de marteau française, Alexandra Tavernier qui joue les qualifications cet après-midi.

Retardée dans sa préparation par une blessure au tibia survenue l’année dernière, la lanceuse de marteau française Alexandra Tavernier, 30 ans, est revenue cette année à son meilleur niveau, juste à temps pour les Mondiaux d’athlétisme. Pourtant, ils étaient nombreux à avoir douté d’elle… Alexandra Tavernier avait envie de montrer qu’à presque 30 ans, elle est toujours au top. Dans un sport peu visible le reste de l’année, il est important de mettre en lumière cette discipline exigeante. L’exigence, Alexandra Tavernier, se l’applique depuis près de 15 ans, depuis qu’elle a atteint le haut niveau. Elle a été médaillée de bronze aux Mondiaux de Pékin en 2015.
Les qualifications du marteau ont lieu ce mercredi à 19h. Et ça va être le feu : en Hongrie, le public est fan de cette discipline. Nous avons rencontré Alexandra Tavernier à Budapest, juste avant son concours.

Comment vous sentez-vous ?

Alexandra Tavernier : Très bien. Je ne m’étais pas senti aussi bien depuis les Jeux olympiques de Tokyo (NDLR : 2021, elle finit 4e). Après les Jeux, rien n’allait. Je n’ai même pas été aux championnats du monde à Eugène l’an passé, je ne me sentais pas assez en forme. Aujourd’hui, je suis devenu plus forte qu’avant Tokyo. Moins technique à cause de ma blessure mais plus forte. J’ai pris un peu de poids avec ma convalescence…

Qu’est-ce qu’a été le déclic ?

Alexandra Tavernier : Le vrai déclic a été les championnats d’Europe par équipes au mois de juin. Une compétition que je n’ai pas faite. L’égo a été touché. Cela m’a fait du bien de me dire : « Merde, je n’ai pas été prise et je vais me bouger le cul pour que ce soit moi la prochaine fois ».  Je voulais montrer qu’à 30 ans, j’étais encore là.

Vous avez changé pas mal de choses ces derniers temps…

Alexandra Tavernier : Oui, depuis l’année dernière c’est mon père qui supervise mes entraînements. Mon frère est aussi là pour nous aider. Il a été un très bon lanceur de marteau, il est très technique. C’est le 3e oeil de notre équipe.

Qu’est-ce que cela vous apporte de travailler en famille ?

Alexandra Tavernier : Il y a moins de pressions. Je ne peux pas décevoir mes parents pour du sport ! Si j’avais braqué une banque là, oui, je les décevrai mais si je loupe mes Championnats, mes parents seront tristes pour moi mais pas déçus. Ils savent par où je suis passé. Et puis en travaillant de nouveau avec eux, la boucle est bouclée : j’ai commencé ma carrière avec eux, je finis avec eux !

Ce n’était pas gagné de vous retrouver aux Mondiaux cette année….

Alexandra Tavernier : Oui. J’ai commencé l’année avec une fracture du plateau tibial. Je n’ai pas pu m’entrainer normalement cet hiver ou faire les compétitions en salle. J’ai eu beaucoup de mal à revenir. J’ai aussi perdu six centimètres de tour de cuisse. Mais depuis mes 72 m à Madrid fin juillet, j’ai eu un déclic. Et depuis tout est rose ! Tous mes verrous se sont ouverts.

A quoi vous pensez quand vous lancez le marteau ?

Alexandra Tavernier : En compétition, je pense à rien. En compétition, je lance. Je ne pense pas, je fais.  J’applique ce que je fais toue l’année.

Si vous remportez l’or à Budapest, vous fêterez ça avec une coupe de champagne ?

Alexandra Tavernier : Rires. Je vois où vous voulez en venir…Après ma médaille de bronze en 2015 à Pékin, mon coach m’a tendu une coupe de champagne, j’ai décliné. Je ne bois jamais d’alcool. Mon grand-père tenait un bar et l’odeur de l’alcool, comme celui de la cigarette me révulse. J’ai d’autres vices mais pas celui-là….

Vos objectifs pour ces Mondiaux ?

Alexandra Tavernier : Il faut d’abord passer les qualifications. C’est toujours compliqué les « qualifs ». Celui qui dit qu’il n’a pas peur aux « qualifs » est un inconscient parce que tout le monde peut se planter. Sinon, pour le titre de Championne du monde, je n’y crois pas. On est pas l’abri du jet du siècle mais je n’ai pas assez de volume. Pour la médaille de bronze, par contre, c’est ouvert. « Il y en a deux devant, qui paraissent Intouchables, après tout est possible »