Chômage : Vers une réduction de la durée d’indemnisation de 10 mois ?

 Chômage : Vers une réduction de la durée d’indemnisation de 10 mois ?

La nouvelle réforme de l’assurance chômage durcit encore les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi.

Le gouvernement a dévoilé une disposition de la réforme de l’assurance chômage prévoyant une réduction possible de la durée d’indemnisation de 40%. Même si ce dispositif ne s’activerait qu’en situation de plein emploi, les syndicats sont unanimes pour dénoncer cette mesure et le timing de son annonce.

C’est à la veille de Noël que le gouvernement à dégainé une nouvelle mesure pour durcir les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Un projet de décret de la réforme de l’assurance chômage prévoit une réduction possible de la durée d’indemnisation de 40% (soit 9 mois et demi) si le chômage passe sous les 6%. De quoi susciter une levée de boucliers chez les syndicats.

Ces organisations, dont les rapports sont déjà tendus avec le gouvernement avant la présentation de la réforme des retraites le 10 janvier, sont ulcérées de la méthode. « Ce n’est pas acceptable de faire une annonce le 23 décembre sans concertation. C’est vraiment de très mauvais goût », a critiqué lundi Cyril Chabanier (CFTC). « C’est de la pure déloyauté », dénonce Laurent Berger (CFDT). « Un très mauvais cadeau de Noël » pour Denis Gravouil (CGT), « tout simplement scandaleux », selon Michel Beaugas (FO).

 

Cadeau de Noël amer

La réforme que l’exécutif a dévoilée fin novembre contient déjà une baisse de 25% de la durée d’indemnisation. La nouvelle durée concernera ceux qui ouvrent des droits à partir du 1er février en métropole.

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Le texte prévoit toutefois un « complément de fin de droits » (un allongement de la durée) en cas de dégradation du marché du travail. Ce dispositif peut s’activer si le chômage dépasse 9% ou s’il augmente de 0,8 point ou plus sur un trimestre. Mais la nouveauté de Noël est la possibilité de réduire la durée d’indemnisation soit réduite de 40% et non de 25%, lorsque le taux de chômage passe sous les 6% (il est actuellement à 7,3%).

En présentant la réforme à la presse le 21 novembre, le ministre du Travail Olivier Dussopt avait évoqué la possibilité d’un tel durcissement, mais en cas de chômage inférieur à « 5% », soit un niveau de « plein emploi ».

 

« Punition collective »

« Non seulement ce n’est pas figé », mais ce décret ne serait valable que pour 2023, a défendu lundi le député Renaissance Mathieu Lefèvre sur RMC/BFMTV. Et « il y a peu de chance qu’en 2023 on passe sous les 6% de chômage ». Les partenaires sociaux négocieront en principe la prochaine convention d’assurance chômage qui sera en vigueur à partir de 2024. Mais la question de la modulation en fonction de la conjoncture « devra être intégrée » dans ces discussions encadrées par le gouvernement, a déjà souligné Olivier Dussopt.

« Le gouvernement préempte, pour l’avenir peut-être, une situation dans laquelle on sera dans le plein emploi », reconnait Mathieu Lefèvre. « Parfois, il y a des gens qui refusent des offres d’emploi, qui se soustraient, qui ne se présentent pas ». Lorsqu’on a du mal à recruter, « ce n’est pas possible ». Le gouvernement espère 100 à 150.000 retours à l’emploi supplémentaires en 2023 grâce à la réforme. Ces arguments sont rejetés par les syndicats.

 

Les chômeurs déjà pénalisés par la précédente réforme

« Cette baisse drastique et inédite des droits des demandeurs d’emploi ne fera qu’aggraver les difficultés rencontrées par ces personnes », juge la CFDT. « L’objectif de plein-emploi passera par des solutions intelligentes sur la qualité de l’emploi et de l’accompagnement ».

« Il s’agit de considérer que toute personne au chômage l’est un peu par sa faute (…). C’est une position idéologique, de l’ordre de la punition collective », dénonce François Hommeril (CFE-CGC). Les syndicats sont d’autant plus mécontents que l’Unédic vient de dresser un premier bilan de la précédente réforme de l’assurance chômage, lancée en 2019 et pleinement entrée en vigueur fin 2021.

Cette réforme a notamment durci les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi, notamment ceux qui alternent périodes de travail et d’inactivité. Selon l’Unédic, elle s’est traduite par une baisse de 16% en moyenne des allocations journalières pour les chômeurs impactés.