Champions nationaux : La botte secrète de Mohammed VI
C’est un long chemin où chaque pas, aussi petit soit-il, ne se fait qu’au prix de nombreux efforts. Depuis son intronisation, Mohammed VI s’est fixé comme objectif de favoriser le développement de « champions nationaux » en matière de développement économique .
On l’a vu au début du règne et la cadence s’accélère avec les dernières actualités, grâce à un travail de refondation idéologique, la politique du roi Mohammed VI part du terrain, que ce soit les grands chantiers du règne, Tanger Med, le TGV, les mégas projets de l’énergie solaire et ou encore, aujourd’hui les fameuses autoroutes de l’eau censées faire face au stress hydrique. Au fond, « ce pacte d’action » est une feuille de route efficace pour booster le développement du pays et favoriser le décollage des groupes nationaux.
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« La baraka royale »
A partir de là, on comprend mieux le dynamisme des OCP, Tanger Med, SNI, Attijariwafabank, Maroc Telecom, Akwa, Somagec, BMCE Bank… entreprises performantes, grosses, compétitives, toujours présentes à l’appel, et particulièrement offensives à l’international. Les intéressés ne nient pas qu’ils aient profité de « la baraka royale » dans un contexte national plutôt encourageant contribuant ainsi au développement socioéconomique du pays.
Profitant d’une conjoncture internationale qui veut que le Maroc qui faisait face à un vent contraire, redevient proportionnellement plus fort et plus présent que jamais sur la scène internationale, du fait de la dynamique géostratégique et de la place que prend désormais le royaume dans le concert des nations.
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« Des champions nationaux » en force
À ses proches collaborateurs comme à ses stratèges, le chef de l’état fait office de chef d’orchestre, celui qui travaille à̀ « renforcer » un mouvement de fond. Celui qui souhaite confier la reconstruction de l’espoir à des bâtisseurs plutôt qu’à ces vendeurs de rêve, que sont les professionnels de la politique même si la main tendue aux partis politiques reste ouverte malgré les insuffisances flagrantes et la corruption ambiante qui ravage le monde politique. Rêver de ressusciter le concept « de champions nationaux » exige d’en prendre le leadership. En réalité, il ne s’agit pas d’un catalogue de mesures à appliquer mais une politique de tous les jours qui s’inscrit dans des orientations fondamentales, des lignes indépassables, avec l’objectif avoué de tout faire pour favoriser la naissance de champions nationaux et ce, dans tous les secteurs.
Au titre de ses priorités, le souverain, Mohammed VI a remis aussi à l’ordre du jour des orientations fermes qui visent avant tout à « revaloriser le Maroc qui travaille », une manière aussi de mettre aussi bien le management des Entreprises publiques que les patrons du monde des affaires sous pression, pour qu’ils intègrent d’opportunes convergences avec les propositions royales, à moins de passer la main en cas de couacs. Exit « les béni-oui-oui » parce que les responsables ont une obligation de résultat, et les sorties de route sont sévèrement réprimées. Les Benalou et autres Bakkoury en savent quelque chose. Quitte à agacer les alliés occidentaux, qui pestent en privé contre cette stratégie récurrente de la préférence nationale désormais inscrite dans les gènes du royaume.
La locomotive « Maroc » est lancée
« Cette politique économique inédite a marqué une émancipation irréversible : nous sommes de plus en plus libres par rapport à l’hégémonie européenne en particulier », admet l’un des patrons. Si les champions nationaux semblent être en voie de s’affranchir de nombre de leurs défauts originels, il reste la question de leur rôle dans l’économie réelle, celle qui crée de la richesse, de l’emploi et de la vie dans nos territoires. Bien sûr, que le pays est toujours en chantier, bien sûr que les bénéfices de ces grands travaux commencent à peine à tomber, bien sûr que les Marocains ont encore du mal à voir les conséquences positives de cette dynamique mais la locomotive « Maroc » est bien lancée.
Demain, l’allègement de la facture énergétique sera une réalité palpable avec les réglages de la centrale solaire Noor, « entre autres », une partie de cette embellie sera due aux retours sur investissements du Port Tanger Med, déjà largement bénéficiaire, et de celui de Dakhla Atlantique , bientôt en service, les douanes commencent à trouver leur compte dans les exportations, notamment dans la construction automobile, l’aéronautique, la pharmacie et d’autres biens industriels. Si l’on ajoute à cela les services, le tourisme et la finance, la boucle est bouclée. Et si les entreprises nationales, regagnent des parts de marché et recueillent ainsi le fruit de cette politique royale menée depuis l’intronisation du locataire du palais de Rabat, c’est tant mieux.
Ainsi, tout en restant réaliste sur les objectifs, le roi a injecté de l’optimisme et un enthousiasme réel pour aider à la formation d’ un système un peu plus vertueux. Par leur dynamisme, par ce rôle de locomotive du développement, ces grosses entreprises, attirent ainsi les capitaux du monde entier, permettant de compenser la faiblesse de l’épargne nationale et ainsi de financer l’investissement.
L’autoroute de l’eau
Si on avait à retenir que cet exemple majeur , ce projet stratégique hors norme de l’autoroute de l’eau, une des premières priorité du roi, ( qui ne rate d’ailleurs aucune occasion pour remettre le sujet sur la table) on peut estimer que le travail effectué par l’élite des entreprises marocaines du BTP est simplement remarquable. Les SOMAGEC (Mandataire du Groupement), SGTM, STAM et SNCE avaient ainsi mené ce projet hors norme dans un délai record qui a permis à ce projet titanesque d’être opérationnel avant la date prévue. Aujourd’hui, cet ouvrage d’interconnexion permet désormais la valorisation des milliards de mètres cube qui se perdaient en mer en les transférant vers les bassins hydrauliques du Bouregreg, de l’Oum Er Rbia et du Tensift, et permettre au final la sécurisation de la demande en eau potable des villes de Rabat et de Casablanca ainsi que les besoins de l’agriculture de ces régions .
Nul doute que la maîtrise du tempo, se trouve d’abord entre les mains du chef de l’Etat, le roi Mohammed VI : à travers ses interventions et ses décisions en fonction desquelles les autres composantes du pouvoir se positionnent, celui-ci guide aussi la communication politique selon la réalité́ de ses choix. On a bien compris qu’il s’agit là de la posture d’un dirigeant politique qui est perçu à la fois comme quelqu’un capable d’agir et d’écouter, ce qui permet une rare capacité de connexion avec ses troupes. C’est finalement une histoire politique qui s’écrit collectivement même si les médias ont encore une grande difficulté à s’emparer d’une écriture médiatique censé accompagner ce temps long incarnant une véritable capacité́ à gouverner.