Cent narcotrafiquants dans la même prison : une fausse bonne idée ?
Gérald Darmanin veut placer les cent plus gros narcotrafiquants dans une même prison. Le syndicat des directeurs pénitentiaires n’est pas complètement convaincu.
Ce serait une sérieuse prise de risque « de mettre au même endroit des mêmes profils violents qui, pour certains, peuvent être en concurrence et qui peuvent rendre cet établissement ingérable », confiait François Fogliarino, secrétaire général du syndicat national des directeurs pénitentiaires SNPD-CFDT, à Franceinfo (13 janvier).
Ce dernier réagissait à l’annonce de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, de vouloir incarcérer les cent plus gros narcotrafiquants, déjà en détention, dans une « prison de haute sécurité », et ce, dès cet été.
Volontarisme
« Nous allons prendre une prison française, on va la vider des personnes qui y sont et on y mettra, puisqu’on l’aura totalement isolée, totalement sécurisée avec des agents pénitentiaires particulièrement formés, anonymisés, les cent plus gros narcotrafiquants », déclarait Gérald Darmanin dans une interview accordée à LCI (12 janvier).
S’il estime l’idée très risquée, Jean-François Fogliarino n’est pas nécessairement contre. Ce dernier salue même le « volontarisme » du ministre. Le secrétaire général du SNPD-CFDT indique qu’une telle mise en place nécessitera bien « une prise en charge particulière sécurisée de ces profils », mais aussi des établissements particuliers.
S’inspirer des « radicalisés »
Pour Jean-François Fogliarino, l’établissement idoine serait une maison d’arrêt où travaillent des agents formés « professionnellement » à la sécurité de ce type de détenus. Cette catégorie de bâtiment est déjà particulièrement sécurisée, avec notamment des « régimes portes-fermées » ou encore des « brouilleurs qui fonctionnent ».
Toutefois, le syndicaliste rappelait que l’enfermement ne suffira pas. Pour lui, il faut s’inspirer de ce qui a été fait pour les détenus radicalisés. « On a travaillé en parallèle sur la sécurité et sur le contenu de la prise en charge. On ne s’est pas contenté de les mettre à un endroit, on a travaillé sur un parcours de peines », a insisté le secrétaire général du SNPD-CFDT.