Calais : un été entre expulsions et commémoration des exilés
Entre expulsions et initiative commémorative, l’été paradoxal vécu par les personnes exilées tentant de rallier l’Angleterre depuis Calais.
Invisibilisation
Les chiffres annoncés par l’ONG Human Rights Observers (HRO), concernant le bilan du harcèlement policier des personnes exilées à Calais cet été, sont impressionnants. Chaque campement évacué au moins toutes les quarante-huit heures, y compris week-ends et jours fériés. « Certains lieux de vie expulsés jusqu’à cinq jours par semaine » insiste l’ONG.
Entre le 1er juin et le 30 août 2021, ce ne sont pas moins de 1169 tentes, des bâches, des effets personnels, confisquées par les forces de l’ordre durant les 278 expulsions décidées par la préfecture. HRO regrette ces politiques migratoires répressives dont le but, selon eux, est « l’invisibilisation des personnes bloquées à la frontière franco-britannique ».
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Violences policières
En outre, HRO précise que ces nombreuses expulsions ne se font pas toujours sans heurts. Le 2 juin, l’ONG indique avoir observé un usage disproportionné de la force de la part des autorités. 13 balles de LBD, 6 grenades de désencerclement et un nombre « colossal » de culots de gaz lacrymogène. Bilan : deux exilés ont été gravement blessés.
Mais au-delà de ça, ce sont les mauvais traitements quasiment usuels perpétrés par les forces de l’ordre à l’encontre des exilés lors des mises à l’abri forcées. Coups de matraque, des personnes traînées de force jusqu’aux bus, HRO dénonce la banalisation de la violence.
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Plaques commémoratives
Interventions policières d’un côté et initiative des habitants de Calais d’un autre. Depuis fin août, des bénévoles honorent la mémoire de ces personnes exilées, mortes en tentant la traversée vers l’Angleterre, en gravant des plaques de bois commémoratives.
Redonner une identité à ces anonymes, c’est la volonté de ces bénévoles de différentes associations. Et ce, grâce à un travail de recensement mené par Maël Galisson, chercheur de l’Institute of Race Relations. Les plaques seront ensuite visibles dans la ville, une façon de mettre en lumière ce qu’il se passe depuis des années aux portes de Calais.
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