Calais : « Les politiciens changent, la politique reste la même »
Expulsions, aide médicale, alimentaire, un documentaire met en lumière le quotidien des associations humanitaires à Calais et Grande-Synthe.
Statu quo
« J’étais déjà là en 2016, 2017, 2018. Et je m’aperçois qu’en fait il n’y a rien qui a changé (…) Les politiciens changent mais la politique reste la même ». C’est ce qu’affirmait, indigné, s’indigne Mathieu (35 ans), bénévole d’Utopia 56, dans le documentaire « Utopia 56, entrave à la solidarité ».
C’est au cœur de l’hiver, entre le 26 et le 28 décembre, que le journaliste Ulysse Cailloux a suivi les équipes de l’association à Calais et Grande-Synthe. Distribution de tentes, de nourriture, maraudes dans les forêts, accès aux soins, le documentaire montre les interventions des équipes de bénévoles prêtes à intervenir 24 heures sur 24.
Il montre également une certaine usure psychologique des aidants faisant face à ces situations extrêmes que vivent les personnes exilées, les expulsions mais également le harcèlement des forces de l’ordre.
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Entraves
« Utopia 56, entrave à la solidarité » est le premier documentaire d’une série sur les ONG baptisée « A l’asso ». L’ambition de cette série est de témoigner des entraves de l’Etat et des politiques publiques, à l’action des associations.
Utopia 56 indique que le montant des amendes reçues pour non-respect du couvre-feu, lors des maraudes, s’élèvent à plus de 10 000 euros, malgré les attestations. Entraves touchant également les journalistes qui en témoignent.
« Au cours du tournage de notre premier film, nous avons pu constater que les journalistes n’étaient plus autorisés à montrer la réalité des violences dans ces zones de quasi non droit. Une atteinte grave à la liberté d’informer qui renforce notre détermination à produire « A l’asso » » explique le réalisateur du documentaire.
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Expulsions en continu
Selon les chiffres de Human Rights Observers (HRO), pour le mois de février, pas moins de 93 expulsions de lieux de vie informels ont été effectuées. Mardi dernier (6 avril), lors de six opérations d’expulsion menées par les forces de l’ordre, 126 tentes et 77 couvertures ont été prises aux exilés.
Pourtant, selon HRO, une ordonnance du tribunal administratif de Lille (26 mars) rejetait une requête en référé de la commune de Calais visant à faire expulser un terrain habité par la communauté érythréenne.
Communauté malgré tout expulsée, HRO dénonce une « manœuvre de contournement des voies légales », et ce « au service d’une politique répressive de harcèlement des personnes exilées à Calais ».
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