Calais : La France rappelée à l’ordre par la CNCDH
Expulsions, conditions indignes, le constat accablant de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur la gestion des personnes migrantes à Calais.
Droits fondamentaux
« Il n’est pas tolérable qu’au titre de la politique migratoire, des mesures continuent d’être prises qui ont pour effet de porter atteinte aux droits fondamentaux des personnes exilées » s’indigne Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH. Dans un avis rendu hier (11 février) par la commission, le constat est particulièrement accablant pour le gouvernement.
Selon l’avis, entre septembre et décembre 2020, 247 expulsions de lieux de vie informels ont été menées à Calais et ses environs (plus de mille en 2020), 33 à Grande-Synthe. Des chiffres ayant poussé, la commission à retourner dans ces villes, en décembre dernier, pour faire un point sur la situation.
Atteintes à la dignité
La politique menée par le gouvernement sur ces territoires est celle du « zéro point de fixation ». Donc des expulsions quasi quotidiennes des personnes migrantes sans pour autant prévoir des solutions de relogement.
Les conséquences de cette politique sur la vie des personnes visées, relevées par la commission, sont graves. « L’accès à l’eau potable, à la nourriture, aux douches et aux sanitaires, aux premiers soins d’urgence et aux services hospitaliers n’est pas garanti, portant des atteintes graves à la dignité des personnes » note la CNCDH.
Dialogue
La commission a également été un témoin de la difficulté du travail des associations. D’une part les associations mandatées par l’Etat ne sont pas assez nombreuses pour faire face à la situation, d’autant plus en cette période de pandémie avec tout le protocole sanitaire exigé. D’autre part, les associations non mandatées, sur le terrain depuis plusieurs années, « empêchées de pallier ces insuffisances ».
Dans l’intérêt des personnes migrantes, la CNCDH appelle « au rétablissement du dialogue et de la coopération entre toutes les parties prenantes ».
Urgence
Cet avis de la CNDH intervient alors que la France, et notamment la région des Hauts-de-France, est balayée par une vague de froid. En début de semaine (8 février), les préfectures du Nord (62 et 59) annonçaient l’ouverture de places d’hébergement. Cependant, certaines associations, dont Utopia 56, estiment le dispositif non adapté. Celles-ci réclament une accessibilité 24h/24 de ces lieux sous peine de « retrouver des dizaines de personnes en situation d’hypothermie et d’extrême urgence vitale ».
A plus long terme, la CNCDH recommande à la France d’entamer de nouveau des négociations avec le Royaume-Uni afin de revoir les accords du Touquet (2003) concernant les contrôles frontaliers entre les deux pays.
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