Boxe. A 33 ans, Walid Ouizza n’a jamais semblé aussi fort

 Boxe. A 33 ans, Walid Ouizza n’a jamais semblé aussi fort

Walid Ouizza a décroché, samedi 6 juillet 2024 à Charleville-Mézières, la ceinture WBC francophone. Photo : DR

À 33 ans, le boxeur français Walid Ouizza (19 victoires, 2 défaites) n’a jamais semblé aussi fort. Après deux titres de champion de France et deux couronnes continentales (Union européenne EBU, puis Silver EBU), le super-léger a décroché, samedi 6 juillet à Charleville-Mézières, la ceinture WBC francophone en dominant largement le Camerounais Bryan Fanga (11 succès, 1 nul, 1 revers), champion d’Afrique et de Suisse en titre des super-légers. Des succès tardifs pour celui qui n’a cessé d’y croire. Un modèle d’abnégation. Nous l’avons rencontré. Walid Ouizza se livre comme il ne l’a jamais fait.

 

LCDL : Vous avez 33 ans et pourtant, on vous sent plus fort aujourd’hui…

Walid Ouizza : Oui, je me sens plus puissant et plus endurant. Avec le temps, j’ai appris à me connaître davantage. Et puis, j’ai également changé ma manière de m’entraîner.

C’est-à-dire ?

La boxe, je l’ai vraiment apprise pendant le confinement. Comme on était cloîtré à la maison, je me suis mis à regarder des combats de boxe en intégralité. Avant, je ne voyais que les temps forts. Mike Tyson passait son temps à visionner les combats de ses prédécesseurs. Il étudiait les différents styles. J’ai commencé à me concentrer sur les tactiques mises en place par les boxeurs. Et cela m’aide énormément quand je monte sur un ring.

Pendant le confinement, on a aussi commencé à s’entraîner en groupe. Un des gars m’a initié à la musculation. Avant, je jonglais de machine en machine. Maintenant, j’ai un programme défini. J’avais toujours entendu dire que faire de la musculation ralentissait les boxeurs, ce n’est pas toujours vrai. J’adapte la musculation à mon sport.

 

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En résumé, vous vous êtes professionnalisé…

Exactement. Dans mes entraînements, je recherche aujourd’hui plus la qualité que la quantité. Je fais attention à tout, à mon sommeil, à la nutrition, à chaque petit détail…

On vous sent aussi plus fort mentalement ?

Je me suis endurci avec le temps. J’ai traversé des moments difficiles. Ce sont eux qui m’aident aujourd’hui quand c’est dur à ne jamais lâcher. En 2018, j’ai même pensé arrêter la boxe.

Dès mes premiers combats professionnels en 2016, j’avais de grosses douleurs côté droit. Comme je gagnais, je ne suis pas allé me faire soigner. J’aurais dû… Je me disais que j’allais faire avec. Il a fallu que je commence à perdre pour me dire qu’il fallait que je fasse quelque chose.

Après avoir vu une vingtaine de spécialistes, j’ai appris qu’il y avait un décalage au niveau de ma hanche. Au fil du temps, un déséquilibre musculaire s’était créé. Mon côté droit est devenu moins développé musculairement. Toutes ces années, je me suis entraîné et j’ai combattu, à l’allure de ma douleur.

 

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Vous n’avez plus de douleurs aujourd’hui ?

Non. J’ai musclé mon côté droit et je porte désormais des semelles. Mais toutes ces années à ressentir la douleur n’ont pas été qu’une mauvaise expérience. Mes galères physiques m’ont rendu plus fort mentalement. C’est dans l’adversité qu’on gagne en confiance.

 

Vous avez une fille de quatre ans. Qu’est-ce que cela change dans votre boxe ?

Pas seulement dans ma boxe, mais aussi dans ma vie de tous les jours. Ma fille me donne une motivation supplémentaire sur le ring et pas seulement. Le fait qu’elle existe me pousse à être plus intelligent lors des combats, aux entraînements et aussi dans mon quotidien.

Je fais plus attention depuis que ma petite princesse est là. Je veux tellement lui plaire, lui donner une belle image de moi que je trouve à chaque fois les ressources nécessaires pour m’améliorer.

Je fais beaucoup attention à elle, j’essaie de la comprendre et d’être présent. Avec la naissance de ma fille, j’ai découvert le manque affectif que j’ai pu avoir quand j’étais enfant. C’était une autre époque et nous n’avons jamais manqué de rien, matériellement parlant…

 

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C’est donc important d’être bien dans sa vie privée pour réaliser une belle carrière sportive…

Pour moi, c’est fondamental. J’ai la chance d’être avec la même femme depuis le début, qui me soutient dans ma carrière sportive.

Elle était à mes côtés lors de mon premier combat amateur en 2012. Sans elle, je ne pourrais pas concilier les deux. Plusieurs fois, on m’a dit que notre histoire n’allait pas durer. Douze ans plus tard, notre relation n’a jamais été aussi forte.

 

Photo : DR
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