« Bourreau » à « héros » : l’école Bougeaud de Marseille prend le nom d’Ahmed Litim

 « Bourreau » à « héros » : l’école Bougeaud de Marseille prend le nom d’Ahmed Litim

Ahmed Litim était un tirailleur algérien mort pendant la libération de Marseille de l’occupant allemand.

Tout un symbole. En débaptisant une école pour lui donner le nom d’un tirailleur algérien, la mairie de Marseille a voulu célébrer un « héros », tout en retirant le nom d’un « bourreau ». Si certains ont salué la décision, celle-ci suscite aussi de nombreuses réactions outrées, notamment sur les réseaux sociaux.

 

De « bourreau » à « héros ». Une école marseillaise nommée « école Bugeaud » a été officiellement renommée « Ahmed Litim »,a annoncé dans un tweet Benoît Payan, le maire de Marseille. « Cette école de Marseille portait le nom d’un bourreau : Bugeaud. Aujourd’hui, nous lui donnons un nouveau nom, celui d’un tirailleur algérien, celui d’un héros qui a donné sa vie pour libérer notre ville. », s’est réjoui l’élu de gauche.

L’histoire d’Ahmed Litim, a raconté le maire lors de la cérémonie de dénomination, c’est celle « d’un enfant d’Algérie (…) engagé, très jeune, dans l’Armée d’Afrique », mort le 25 août 1944, fauché par un obus allemand, en participant à libérer la ville.

 

Figure de l’ère coloniale contre soldat de la libération de Marseille

L’école Ahmed Litim, située dans le très populaire troisième arrondissement de Marseille, portait jusqu’à présent le nom d’une figure de l’ère coloniale. Thomas Robert Bugeaud, marquis de La Piconnerie, duc d’Isly, est un militaire français et maréchal de France.

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Le maréchal Bugeaud a joué un rôle décisif dans la colonisation de l’Algérie, où il combat les forces de l’émir Abd el Kader. Il y retourne quelques années plus tard comme gouverneur. Il y mènera une politique brutale contre la résistance algérienne. « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards », aurait ordonné le maréchal à ses officiers. Ou encore, « je considère que le respect des règles humanitaires fera que la guerre en Afrique risque de se prolonger indéfiniment ».

 

Une décision saluée et critiquée

Les crimes de Bugeaud « ne doivent pas être effacés de notre mémoire », a mis en garde Benoît Payan. « L’Histoire de la France, c’est aussi celle de Bugeaud, de la colonisation ou de la collaboration. Cette histoire, nous continuerons de l’enseigner et de l’apprendre à nos enfants », a indiqué l’édile.

« Nous saluons la position de la ville de Marseille qui a consisté à débaptiser l’école Bugeaud », a réagi auprès de l’AFP Samia Chabani, du centre de ressources sur l’histoire et les mémoires des migrations à Marseille, Ancrages. Ancrages milite pour « que les civils ou militaires auteurs de violences et de guerre coloniale ne soient plus honorés dans l’espace public ». Elle souhaite notamment une meilleure représentation des « mémoires des descendants des migrations postcoloniales » dans les noms de rues.

Mais, la décision marseillaise est loin de faire l’unanimité. Sur twitter, la publication de Benoît Payan a suscité plus de 600 réponses, dont un bon nombre de commentaires hostiles. « Thomas Robert Bugeaud (…) a fait plus pour la France que vous n’en ferez jamais », a commenté un twittos. D’autres fustigent une manifestation de la « cancel culture » ou encore le « wokisme » à des fins électoralistes.