Borloo dénonce l’abandon des banlieues par l’État

 Borloo dénonce l’abandon des banlieues par l’État

M. Borloo affirme qu’il y a quatre fois moins de moyens qu’ailleurs. Photo Bertrand Guay / AFP.

L’ancien ministre centriste Jean-Louis Borloo dénonce dans un entretien mercredi à la revue Zadig le manque de moyens accordés aux quartiers pauvres. Celui que beaucoup considèrent comme le père de la rénovation urbaine pointe la persistance d’une « ségrégation urbaine » en France.

« Dans les quartiers, il y a quatre fois moins de moyens qu’ailleurs, rapporté au nombre d’habitants », s’indigne l’ancien ministre. L’État « fait beaucoup moins pour ces zones en apesanteur que pour les autres », ajoute-t-il. Jean-Louis Borloo avait été chargé par Emmanuel Macron de lui remettre un vaste plan pour les banlieues. Le président avait finalement en partie rejeté ses conclusions en mai 2018.

Dans l’entretien, Jean-Louis Borloo revient sur les propositions de son plan. Il proposait notamment une « cour d’équité territoriale » visant à corriger des inégalités de dotations budgétaires, le soutien aux associations et aux emplois aidés, ou encore des « campus numériques » destinés aux jeunes des quartiers populaires.

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La jeunesse des quartiers « représente une forme d’avant-garde ! Mais on en fait l’inverse », selon lui. Et d’interroger : « Vous connaissez un pays qui peut se permettre d’avoir 150 000 jeunes en bas des immeubles, qui attendent ? C’est absurde ! Ces quartiers sont une chance ou un drame pour notre pays, il faut juste savoir ce qu’on veut. »

 

Séparatisme des élites et ségrégation des banlieues

L’ancien homme politique préconise entre autres de « défiscaliser toutes les créations d’entreprises, d’instaurer une baisse de la TVA », « de créer des places de crèche même si les villes sont pauvres ». Une manière selon lui de dynamiser ces zones où les entreprises rechignent à s’installer et à recruter.

M. Borloo insiste sur la « ségrégation urbaine », jugeant que « le séparatisme des élites est au moins aussi important que celui des banlieues ». Et, à ses yeux, « le problème est le même dans ces quartiers que dans les zones rurales très délaissées, dans les DOM et dans les petites villes moyennes “en déprise”. Les habitants y ont moitié moins d’espérance de réussite que sur le reste du territoire de la République ».