Vos papiers s’il-vous-plaît !
Il ne porte pas de capuche sur la tête, sauf quand il pleut. Il ne tient pas non plus les murs de sa cité. Bocar Niane est professeur de français et d’histoire et représentant associatif. Et il se fait trop souvent contrôler dans la rue, à Saint-Ouen et ailleurs. Alors, avec 12 autres personnes, il a attaqué l’Etat pour dénoncer la pratique des contrôles au faciès.
Sur le procès-verbal du contrôle d’identité pour lequel il attaqué l’Etat, il est écrit que Bocar Niane s’était « rendu suspect en marchant d’un pas pressé, la tête recouverte d’une capuche, dans une ville abritant un fort trafic de drogue ». En France, un Noir a de 3 à 11 fois plus de chances d’être contrôlé par la police qu’un Blanc, et un Maghrébin de 2 à 15 fois plus, selon une enquête de 2009 de l’Open Society Justice Initiative et du CNRS, menée à Paris.
« Un devoir d’attaquer l’Etat »
Bocar Niane est professeur d’histoire et militant associatif. Il essaie chaque jour d’inculquer aux jeunes, avec qui il travaille, les valeurs de la citoyenneté. A cet égard, pour lui, c’était un devoir d’attaquer l’Etat. « Je ne pouvais laisser passer cet abus, exercé par des personnes dépositaires de l’autorité de l’État. J’ai décidé de demander justice, pour leur montrer ce que signifie le respect de nos droits », explique-t-il.
Empowerment
Bocar Niane a grandi à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. En plus de son travail de professeur d’histoire, il est donc, ce qu’on appelle, un militant de terrain. Et un militant très actif : il a fondé l’association An-Noor, active dans le sport, l’animation sociale et le pouvoir d'agir, ce que l’on appelle dans le « jargon associatif » l’empowerment. Bocar Niane a aussi co-monté « l’Appel des 577 » et participé activement à la mise en place d’un « Grenelle des quartiers » avant les élections présidentielles de 2012.
Podémos à la française
Il y a aussi la politique. En 2008, pour les élections municipales, il se présente sur une liste indépendant « Ensemble pour Saint-Ouen ». En 2014, toujours pour les municipales à Saint-Ouen, il est proche de la liste « Divers gauche ». Aujourd’hui, il est encarté chez Europe-Ecologie-Les-Verts. Ce qui ne l’empêche pas de se battre aux côtés du député socialiste Pouria Amirshahi qui a récemment lancé le « Mouvement commun », un rassemblement citoyen, sorte de Podémos à la française.
Chloé Juhel