Beyrouth, commémoration de l’explosion du 4 août. Le temps de la colère
Le 4 août 2020, la capitale libanaise, Beyrouth, a été happée par une énorme explosion qui a laissé derrière elle des centaines de morts, d’énormes cratères et une profonde désolation chez la population.
Il y a un an, jour pour jour, des tonnes de nitrate d’ammonium stockés dans le sinistre hangar N° 12 de la zone portuaire de Beyrouth a explosé, aux alentours de 18h, provoquant des dégâts humains et matériels considérables, un deuil national et un mouvement de solidarité international. Aujourd’hui, les familles des victimes se font menaçantes et les coupables courent toujours.
Le rapport du gouvernement de Hassane Diab qui a démissionné depuis, fait état de 218 morts et plus de 6 500 blessés, de neuf disparus ainsi que de 300 mille sans abris. Les dégâts matériels sont estimés à plusieurs milliards de dollars. Un an après, les commerces ont rouvert leurs portes, mais les habitants n’ont pu regagner leurs domiciles. Selon l’ONU, 73 mille appartements ont été détruits. Les familles des martyres, elles, ne décolèrent pas.
Les enquêtes qui devaient lever le voile sur la pire catastrophe de l’histoire du Liban et désigner les coupables, piétinent à ce jour. Quelques noms ont été cités mais personne n’a été inquiété. Des hommes politiques puissants se dérapant derrière leur immunité. Au Liban, immunité et impunité sont synonymes. A bout de patience, les familles endeuillées ont organisé une conférence de presse à Beyrouth pour donner le le ton. Le premier anniversaire est sous le signe de la colère plutôt que de la tristesse.
« Nous en avons assez des manifestations pacifiques »
Les protestataires lancent un ultimatum aux autorités. Un délai de 30 H pour lever l’immunité des personnes suspectées. Ils menacent sinon de lancer des mouvements violents. Leur porte parole est explicite ; « nous en avons assez des manifestations pacifiques. Nous ne sommes pas des fonctionnaires pour vous servir comme des agents de la police », a-t-il explosé face aux caméras. C’est le droit des Libanais d’exprimer leur colère, fait-il valoir encore.
Les autorités avaient prié auparavant la population de maintenir le calme. Plus facile à dire qu’à faire. Le Liban est meurtri par cette tragédie nationale, frappé de plein fouet par une crise économique sans précédent et par la crise sanitaire. Triple peine. Près de la moité de la population a basculé dans la précarité, les Libanais ne savent à plus à qui s’en remettre dans un pays sans gouvernement depuis près d’un an. Connus jadis pour être de bons vivants, les Libanais sortent aujourd’hui dans la rue exprimer leur colère, leur tristesse, leur désespoir. Bref, tout à la fois.
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