Bertrand Heilbronn : « Avec mon arrestation, un seuil a été franchi »
En marge d’un rassemblement en soutien à la Palestine à Paris, Bertrand Heilbronn, le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), a été mis en garde à vue ce mercredi 12 mai aux alentours de 19H à sa sortie du Quai d’Orsay. Il a été libéré peu après minuit du commissariat du 7è. Il lui était reproché d’avoir appelé à manifester. Un rassemblement interdit quelques heures pus tôt par la Préfecture de Paris. Bertrand Heilbronn a accepté de répondre au Courrier de l’Atlas.
Le Courrier de l’Atlas : Comment vous sentez-vous ?
Bertrand Heilbronn : Je vais bien. Je tiens à remercier au nom de l’AFPS toutes celles et tous ceux qui, scandalisés par mon arrestation, se sont mobilisés pour qu’il soit mis fin à cette situation le plus rapidement possible.
Vous attendiez-vous à être arrêté par la police ?
Pas du tout. C’est bien la première fois que je suis placé en garde à vue. Je voudrais dire que nous n’avions jamais eu le moindre problème auparavant avec les autorités policières pour les manifestations que nous avons organisées. Avec la sénatrice Raymonde Poncet, les députées Elsa Faucillon et Sabine Rubin, un représentant de l’Union Juive Française pour la Paix et un porte-parole de la CGT, nous avions rendez-vous avec un représentant du Quai d’Orsay ce mercredi pour discuter avec lui de la situation actuelle en Palestine. Nous avons été escortés gentiment par la police jusqu’aux grilles du ministère. C’est en sortant que trois fonctionnaires m’ont pris à part pour me signifier que j’étais arrêté. J’ai alors élevé la voix afin que ceux qui m’accompagnaient soient mis au courant.
On vous emmène alors au commissariat du 7è…
Oui. Sur place, j’ai été menotté sur un banc comme un vulgaire criminel. Par contre, l’officier de police judiciaire qui m’a auditonné a été très cordial. La police me reproche d’avoir appelé à manifester mais je tiens à préciser que nous avons appris de l’interdiction de la manifestation par la préfecture seulement à 13h. Dès que nous avons eu la nouvelle, nous avons informé nos militants. Devant le métro Invalides à Paris, lors du rassemblement, nous avons informé ceux qui se présentaient, de l’interdiction afin de faire en sorte que les choses se passent le mieux possible. D’ailleurs, il n’y a eu aucun trouble à l’ordre public.
Avec votre arrestation, vous dites qu’un seuil a été franchi…
Oui, mon arrestation m’amène à dire qu’un seuil a été franchi. La liberté d’expression et les libertés publiques sont en danger dans notre pays. Notons également que des syndicalistes présents sur les lieux du rassemblement ont été verbalisés. Ces faits sont totalement inadmissibles et montrent que le pouvoir français essaie par tous les moyens d’empêcher nos voix de solidarité avec le peuple palestinien.
Une manifestation a lieu ce samedi à Barbes. Comptez-vous vous y rendre ?
Je n’avais pas prévu d’y aller mais oui, j’irai. Et l’AFPS appellera sans doute à manifester. Nous le réaffirmons haut et fort : ils ne nous feront pas taire ! La manifestation de samedi et les suivantes seront l’occasion de l’affirmer. Les informations qui nous arrivent de Gaza sont particulièrement préoccupantes : la liste des morts s’allonge heure par heure, la population vit dans la terreur.
La répression à Jérusalem et en Cisjordanie est terrible avec son lot d’arrestations, de blessés et de morts. En Israël, la population palestinienne subit la haine raciste officiellement propagée par le gouvernement israélien depuis des décennies. Ils manifestent leur révolte devant les violences subies par les Palestiniens à Jérusalem et à Gaza. Nous demandons à la France de protéger la population palestinienne et de condamner clairement les agressions qu’elle subit et de prendre les mesures qui s’imposent.