Baromètre Tunisie : Le PDL caracole en tête des intentions de vote

 Baromètre Tunisie : Le PDL caracole en tête des intentions de vote

A Tunis et à Sfax, la chef du parti multiplie les rassemblements en mode campagne électorale précoce

Selon un sondage d’Emrhod Consulting dont les résultats ont été publiés le 30 mars 2021, le président de la République Kais Saïed a regagné quelques points. Mais le plus grand bénéficiaire de la paralysie institutionnelle en cours est le Parti destourien libre, nostalgique de l’ancien régime.

 

Le baromètre politique en question a été réalisé durant la période entre le 26 et le 29 mars 2021. Il a porté sur un échantillon de 1400 personnes parmi les inscrits dans le registre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Ces derniers sont donc tous âgés de plus de 18 ans et représentent toutes les classes sociales ainsi que les 24 gouvernorats du pays. La marge d’erreur est estimée à 2,5%.

Bien que spectaculaire pour un président en exercice, la popularité de Kais Saïed n’échappe pas à l’érosion corrélée à l’exercice du pouvoir. Ainsi en octobre 2020, soit 1 an jour pour jour après la présidentielle de 2019, seuls 49% des Tunisiens se déclaraient satisfaits de la performance du chef de l’Etat, élu rappelons-le à plus de 70% des suffrages. Déjà à la baisse, cette côte a encore chuté de façon significative pour s’établir désormais à 42% des Tunisiens se disant satisfaits de la performance du président de la République en mars 2021. Une tendance à la baisse constante depuis février dernier. « Les Tunisiens semblent de plus en plus nombreux à saisir que le numéro 1 de l’exécutif n’a jamais eu de programme pour sortir le président de la crise », commente le blog « Etat voyou ».

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S’agissant du chef du gouvernement, Hichem Mechichi, aujourd’hui en pleine cohabitation assumée, les statistiques sont encore moins à son avantage. Si entre octobre 2020 et mars 2020, la proportion des Tunisiens satisfaits de sa performance demeure quasi-similaire, seuls 20% des Tunisiens étaient satisfaits de son rendement en octobre 2020. En mars 2021, ils ne sont que 21%, soit un léger mieux.

Plus bas encore au classement, le président du Parlement, Rached Ghannouchi, n’est pas mieux loti. Seuls 11% des Tunisiens étaient en effet satisfaits de sa performance en octobre 2020, et ils ne sont plus que 10% en mars 2021, faisant du chef d’Ennahdha l’une des personnalités politiques les plus impopulaires du pays.

Quant aux intentions de vote si demain devait se tenir une nouvelle élection présentielle, le président de la République Kaïs Saïed demeure toujours en tête avec 44% des voix. Il est suivi par la présidente du PDL, Abir Moussi, nettement distancée néanmoins avec 17%. Viendrait ensuite le nationaliste Safi Saïd avec 11% puis par le président de Qalb Tounes, Nabil Karoui, aujourd’hui en prison, avec 8%. En somme, quatre représentants de divers populismes.

Notons cependant que 55% des sondés restent indécis, faisant potentiellement de l’abstention le plus grand parti du pays.

Le PDL propulsé en tête des intentions de vote aux législatives

Le sondage même révèle que le PDL, conduit par Abir Moussi, consolide sa présence en tête du classement avec 39% des intentions de vote (contre 38% en décembre 2020). Il est suivi du mouvement Ennahdha avec 22% puis Qalb Tounes avec 8%, Attayar 6%. Le reste des partis et des indépendants ne dépassent pas les 5 à 4%.

Avec virtuellement deux fois le score des islamistes d’Ennahdha dont elle est la bête noire, l’égérie du PDL s’estime de plus en plus dans son droit de fanfaronner à l’intérieur de l’hémicycle du Parlement où elle ne compte paradoxalement que moins de la moitié des députés nahdhaouis, étant donné que la popularité du parti nostalgique de l’ère Ben Ali s’est surtout appréciée dans les premiers mois post-élections de 2019.

Là aussi toutefois, il faut noter que 72% des personnes interrogées n’ont pas souhaité se prononcer sur leurs intentions de vote. Signe que d’une façon plus générale, les Tunisiens ne croient plus en leurs classe politique, 75% des Tunisiens sondés ne croient pas par ailleurs à l’amélioration de la situation économique et estiment qu’elle se dégrade à vitesse grand V.

Quelque 42% des sondés se disent « pessimistes pour l’avenir de la Tunisie », tandis que 51% restent malgré tout optimistes. 39% des Tunisiens pensent enfin que la liberté d’expression est menacée.