Baptême du feu diplomatique pour Hichem Mechichi à Paris
Discrète et annoncée au dernier moment, la visite qu’effectue le chef du gouvernement tunisien Hichem Mechichi du 12 au 16 décembre courant en France et en Italie, s’est faite sans accueil en grande pompe par des officiels français. Le numéro 1 de l’exécutif tunisien a profité des deux premières journées de cette mini tournée européenne pour enchaîner les rencontres avec d’influents compatriotes à Paris.
Hichem Mechichi a inauguré dimanche 13 décembre le Pavillon Habib Bourguiba à Paris, second siège de la Maison de Tunisie, censé doubler l’offre de logements pour étudiants et chercheurs tunisiens
Effectuée respectivement à l’invitation du Premier ministre français, Jean Castex et du président du Conseil des ministres italien, Giuseppe Conte, ce premier déplacement diplomatique de Mechichi en tant que chef de gouvernement intervient à un timing crucial, dominé sur le plan national par des finances publiques aux abois, d’où la nécessité de s’atteler au plus vite à la relance économique, notamment dans son volet coopération internationale.
Une délégation type diplomatie économique
Ce contexte marqué par la crise Covid-19 peut expliquer la nature de la délégation éminemment placée sous le signe de l’entreprenariat qui accompagne Hichem Mechichi, et dont la composition très patronale fait déjà l’objet de quelques critiques aussitôt révélée dimanche.
Officiellement, Mechichi est accompagné par « un certain nombre de ministres et une délégation d’hommes d’affaires, conduite par le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) », Samir Majoul. Au programme, des entretiens avec « de hauts responsables politiques français et italiens ainsi qu’avec des investisseurs et des acteurs économiques ».
Mais en prenant connaissance de la liste détaillée qui a fuité hier, on peut comprendre que la discrétion ait été de mise en ces temps de crise et d’austérité. Pas moins d’une dizaine de représentants de la centrale patronale tunisienne sont en effet du voyage : Hichem Elloumi, vice-président et président du Comité UTICA-MEDEF, Hamadi Koôli, vice-président, Naceur Jeljeli, président des fédérations sectorielles, Taieb Ketari et Khaled Sellami, membres du bureau exécutif de l’Utica, Mourad Medded, directeur de cabinet de Hichem Elloumi, Adel Nakti, directeur de la communication et de l’Information, et Zohra Majoul, directrice des affaires internationales.
Un contingent étonnamment important, si l’on tient compte du nombre de ministres qui font le déplacement, seulement trois : Ali Koôli, ministre de l’Économie, des Finances et du Soutien à l’investissement, Hbib Ammar, ministre par intérim du Tourisme et de la Culture, Olfa Ben Ouda, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ainsi qu’un seul secrétaire d’Etat : Mohamed Ali Nafti. Quatre conseillers de Hichem Mechichi sont aussi du voyage.
Meeting avec des médecins tunisiens
Avant de passer au business et aux officiels français, Mechichi a d’abord souhaité rencontrer dimanche des compétences entre autres médicales tunisiennes résidant en France, en marge de sa visite à Paris.
Le chef du gouvernement s’est félicité du rôle joué par ces compétences, assurant que cette rencontre fut l’occasion « d’échanger les points de vue s’agissant de la situation sanitaire en Tunisie dans le contexte épidémique que l’on connaît ».
Voulant sans doute trancher avec les stéréotypes autour de la fuite des cerveaux, Mechichi a salué l’installation de ces compétences en France qui « témoigne de la réussite du système éducatif tunisien », se félicitant que cet important contingent des médecins tunisiens sont communément considérés comme étant « des ambassadeurs de la Tunisie en France ».
Inauguration du Pavillon Habib Bourguiba
Une cérémonie a s’est tenue ensuite en présence des ministres de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique des deux pays, Olfa Ben Ouda et Frédérique Vidal, l’ambassadeur de Tunisie en France, Karim Jamoussi qui est également président du conseil d’administration de la Fondation de la Maison de Tunisie.
La cérémonie a été suivie d’un film documentaire retraçant l’histoire de la fondation. Un lieu consacré au savoir et qui a vu passer depuis 1953 les élites tunisiennes ayant endossé plus tard de hautes responsabilités dans les sphères tunisiennes et à l’international.
Dans son intervention, Mechichi a mis en avant la priorité absolue accordée par la Tunisie à l’enseignement, parallèlement à la construction de l’Etat tunisien moderne. « C’est cette même conviction qui a amené Lamine bey à signer le décret de 1948 pour la création de la maison de Tunisie, qui ne verrait le jour qu’en 1953 », a-t-il rappelé.
Pas moins de 14 mille étudiants et chercheurs tunisiens se trouvent ainsi aujourd’hui en France, une population estudiantine qui s’accroit au rythme de 2500 par an, a-t-il fait observer.
Logé dans la prestigieuse Cité internationale universitaire de Paris et bien visible depuis le périphérique, le pavillon Habib Bourguiba est orné en façade de lettres arabes calligraphiées par l’artiste franco-tunisien Hosni Hertelli, alias Shoof.
La maison de Tunisie ambitionne de devenir « une pépinière d’entreprises et un centre technologique pour les jeunes tunisiens », un incubateur de talents, espère le président de la mission des étudiants tunisiens.
Il s’agira aussi de servir désormais de lieu de rayonnement de la culture tunisienne en France. La maison de Tunisie abrite déjà 120 événements culturels par an. Le nouvel espace renferme un auditorium de 250 places qui se veut un lieu d’accueil et de diffusion de diverses initiatives artistiques et culturelles.