Une nouvelle audience annulée pour l’humanitaire Moussa, retenu au Bangladesh depuis cinq mois

 Une nouvelle audience annulée pour l’humanitaire Moussa, retenu au Bangladesh depuis cinq mois


 


La famille de Moussa commence à avoir l’habitude. « Nous venons d’apprendre que l’audience prévue demain (NDLR : ce jeudi 19 mai) est de nouveau remise à plus tard », commente dépité Kamdem Tchantchuing, le frère de cet humanitaire retenu au Bangladesh depuis maintenant près de 5 mois. « Officiellement, parce qu’un avocat est mort. Et par respect, personne ne travaillera à la Cour demain », explique-t-il.


 


Kamden vient de s’entretenir avec l’avocat bangladais de Moussa. Une nouvelle date devrait être fixée prochainement.  Le 5 mai dernier, la justice bangladaise avait déjà dû annuler la même audience qui devait servir à fixer une date pour le procès… parce que le juge ne s’était pas présenté au tribunal !  


Pourtant, tout semblait enfin se décanter quand le 1er mars 2016, après 70 jours d’emprisonnement, Moussa, 28 ans, obtenait de la Cour suprême du Bangladesh une libération conditionnelle. « Libre », mais avec une interdiction de quitter le territoire.


L’histoire commence le 22 décembre 2015, quand Moussa est arrêté arbitrairement par les autorités bangladaises, avant d’être placé en détention provisoire. Membre de l’ONG Baraka City, on lui reproche des « activités suspectes », un délit passible de « dix ans d’emprisonnement », et de ne pas s’être déclaré aux autorités.


Moussa est sur place pour venir en aide aux Rohingyas, une minorité musulmane persécutée en Birmanie et dans d’autres pays d’Asie du sud-est et non reconnue au Bangladesh. Il est aussi suspecté d’« utilisation de fausse identité » : son nom d’usage, Moussa Ibn Yacoub, adopté lors de sa conversion à l’islam, n’est pas le même que celui qui figure sur ses papiers officiels, Puemo Tchantchuing. Depuis sa libération le 1er mars dernier, son cauchemar judiciaire continue. 


« Beaucoup de gens pensent que mon frère est libre et qu’il a retrouvé sa famille. Comme cela dure depuis plusieurs mois, la mobilisation a fini par s’essouffler. Il faut maintenir la pression et continuer à en parler : Non, Moussa n’est pas libre et Non, il n’a pas retrouvé sa famille », insiste Kamden.  


Le jeune homme se trouve actuellement dans le sud du Bangladesh, à Cox Bazar, où  il « occupe ses journées en aidant les gamins des rues », continue son frère. Le contraire nous aurait étonné…


 


Nadir Dendoune