Bain de foule nocturne sur fond de Palestine pour Kais Saïed
Communion avec le « peuple d’en bas » des quartiers populaires, populisme cliché, ou simple défouloir nocturne sans réelle utilité ? Les avis divergent sur la dernière sortie improvisée du président Saïed dans son quartier d’origine de la Mnihla où il a promis sous les acclamations exultées des badauds de « libérer intégralement la Palestine », poing levé, hier soir 23 octobre.
Aussi redondant soit-il, l’exercice de la visite inopinée de nuit semble réussir à Kais Saïed en termes de popularité. Au milieu des riverains se plaignant de l’amoncèlement des ordures ménagères non ramassées par les conseils municipaux qu’il vient lui-même récemment de dissoudre, le président de la République a partagé la ferveur pro palestinienne des quartiers pauvres d’El Intilaka et El Mnihla, où il a rencontré des groupes de citoyens et a écouté leurs préoccupations et leurs aspirations.
Après s’être adonné à l’un de ses exercices de prédilection en inspectant la présence du pain dans une boulangerie du quartier, le chef de l’Etat a sillonné les rues tout en échangeant en vrac avec les citoyens des slogans de soutien au peuple palestinien sous les bombardements à Gaza. « Non au défaitisme ! », ont entonné les passants en écho à la rhétorique présidentielle triomphaliste, selon laquelle les peuples arabes ne doivent leur décadence qu’à un état d’esprit d’acceptation de la défaite.
Critique acerbe de l’Occident
Le président de la République a crié à gorge déployée que « les traîtres et les personnes traitant avec l’entité sioniste n’ont pas leur place en Tunisie », un autre de ses leitmotivs, rappelant à qui veut bien l’entendre que « des chancelleries qui prétendent la protection des droits et des libertés sont complices des atrocités commises par l’occupant ».
Bloquant la circulation des heures durant par un imposant et couteux cortège de sécurité, en marge de ses conversations à bâtons rompus avec un nombre de citoyens à propos des leurs difficultés, Kaïs Saïed a réaffirmé que « la solution ne peut être que collective et que tout sera possible lorsque la Tunisie récupérera ses richesses spoliées ». Sans doute une allusion à son grand projet collectiviste d’entreprises citoyennes ainsi qu’à sa loi sur la réconciliation pénale, deux principaux axes de son mandat qui peinent à ce jour à porter leurs fruits.
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