Avis favorable requis en France pour l’extradition de Belhassen Trabelsi

 Avis favorable requis en France pour l’extradition de Belhassen Trabelsi

Méconnaissable, Belhassen Trabelsi a perdu beaucoup de poids depuis son départ de Tunisie

Le parquet général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a une nouvelle fois demandé aux juges d’émettre un avis favorable à l’extradition de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ex-dictateur tunisien Ben Ali.

 

C’est le 27 janvier 2021 que la cour d’appel rendra sa décision tant attendue. Hasard du calendrier, la nouvelle est tombée la veille des commémorations du dixième anniversaire du déclenchement de la révolution de la Dignité. A 58 ans, Belhassen Trabelsi avait été interpellé en France, à Marseille, en mars 2019 après avoir quitté le Canada qui lui avait alors refusé l’asile politique. Pour rappel, l’homme d’affaires avait fui le pays il y a dix ans, au moment de la chute de Zine el Abidine Ben Ali.

33 ans de prison par défaut

La Tunisie le réclame pour au moins cinq affaires jugées ou en cours qui ont déjà valu à Trabelsi d’être condamné par contumace à un total de plus de 33 ans de prison pour des infractions économiques et financières.

Le 16 septembre, décidant un supplément d’information, la cour d’appel d’Aix-en-Provence ne s’était alors pas prononcé sur cette demande. La justice française avait ainsi demandé aux autorités tunisiennes des précisions sur les recours que pourrait exercer Belhassen Trabelsi à la suite de ses condamnations. Lors de l’audience du 24 juin, le parquet général avait alors déjà demandé aux juges d’émettre un avis favorable.

« L’Etat tunisien s’est engagé à le faire bénéficier du droit à faire opposition [aux jugements] et à être rejugé », a indiqué le 16 décembre l’avocat général Denis Vanbremeersch.

« Risque de traitement inhumain » pour la défense

Le magistrat a également souligné que l’Etat tunisien a « apporté des explications », alors que Belhassen Trabelsi évoque un risque de traitement inhumain, en référence à ses trois frères décédés en détention après la révolution, dont le dernier, Mourad Trabelsi, est décédé en avril 2020.

Belhassen Trabelsi a dénoncé auprès de la cour « le sadisme » et « l’assassinat prémédité » de son frère aîné Moncef, mort le 4 avril 2013 dans sa prison, au moment où la troïka était au pouvoir.

Son avocat Marcel Ceccaldi a demandé aux juges de refuser cette extradition qui, à ses yeux, ne repose que sur des motifs politiques : « Belhassen Trabelsi est devenu le symbole du régime de feu le président Ben Ali ».

Rappelons par ailleurs que Belhassen Trabelsi avait déposé un dossier en 2016 auprès de l’organisme de justice transitionnelle tunisien, l’Instance vérité et dignité (IVD), pour obtenir une réconciliation en contrepartie d’un remboursement de fonds détournés. Il avait alors proposé un milliard de dinars (350 millions d’euros), selon l’IVD, mais l’arbitrage n’a pas abouti.

Le clan de l’ancien dictateur Ben Ali s’était accaparé des pans entiers de l’économie tunisienne, captant notamment 21% des bénéfices du secteur privé tunisien en 2010, selon la Banque Mondiale. Certains estiment la valeur de ces biens mal acquis à plus de 20 milliards de dollars, dont 5 milliards pour Ben Ali à lui seul.