Avec Kinetix, Yassine Tahi rend l’animation 3D populaire

 Avec Kinetix, Yassine Tahi rend l’animation 3D populaire

Une animation 3D Kinetix et son fondateur, Yassine Tahi

Le monde de l’animation 3D était jusqu’à présent réservé à quelques geeks ou à des professionnels de l’audiovisuel, du gaming et du cinéma. Avec sa start-up Kinetix, Yassine Tahi révolutionne le secteur en démocratisant le passage de la vidéo à la 3D.

Passionné de théâtre, Yassine Tahi aime particulièrement la pièce de Jean Paul Sartre, « Huis Clos ». Si l’on pense à un espace exigu, l’entrepreneur y voit au contraire « une volonté de dépasser ses mondes délimités qui nous permettent de comprendre le monde global. J’aime comment Sartre nous renvoie à des questions de liberté. Il y a de l’affirmation de soi à travers cette libération. » Pas étonnant dés lors pour ce passionné de scènes et de planches de vouloir voir ses idées sous une forme virtuelle.

Sa petite entreprise ne connait pas la crise

Intéressé par l’intelligence artificielle, il découvre avec un collègue, Henri Mirande, les potentialités en ce qui concerne l’animation 3D. En mai 2020, il décide de créer, avec 2000 euros, la start-up Kinetix. « La cinétique (ou kinétique) est la science du mouvement. Or, on aide avec notre logiciel et notre site en ligne, à trouver des algorithmes qui vont pouvoir reconstituer le mouvement. »

Avec son cofondateur, un ingénieur qui a travaillé sur des projets d’animation, il analyse un marché qui est de plus en plus demandeur d’animation 3D. « C’est le format du futur. Tout ce qui va être lié à l’expérience digitale ou à la réalité virtuelle, va faire appel à cette technique. »

 

Ses clients : des jeux vidéos, des réseaux sociaux, des groupes audiovisuels, etc.. Créant sa société en plein crise du coronavirus, il voit son avenir pourtant radieux. « Le Covid va accentuer cette demande de 3D. Le coût restait encore élevé pour les studios. Tout le monde ne pouvait pas y avoir accès. Notre plateforme vient accélérer le travail et permettre à des centaines de milliers de personnes de pouvoir y accéder. On démocratise cet aspect là ! » Disposant d’une technologie pouvant faire passer une vidéo à de l’animation 3D, le logiciel permet aussi d’apporter des outils d’édition mais aussi des templates de mouvements déjà recensés.

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Un souhait « d’impacter » la société

Pourtant, rien ne prédestinait Yassine au monde de l’animation 3D. Né à Tanger d’un père entrepreneur dans la distribution et d’une mère mettant en valeur l’artisanat marocain, Yassine Tahi est guidé très jeune par la curiosité. Véritable « touche-à-tout », il passe son enfance dans la ville du détroit et en sort avec un bac scientifique de la mission française de Tanger.

Grâce à une bourse d’excellence, il a la possibilité de venir étudier et financer ses études à Paris. Après un cursus à Sciences Po, il rejoint HEC Paris où il suit des programmes en finance et entreprenariat.  » Je souhaite que mon métier ait un impact sur la société. A Sciences Po, je pensais que cela pouvait être effectif avec les politiques publiques. Petit à petit, l’entrepreneuriat m’ait apparu comme pouvant agir directement auprès des individus. »

Porté par des questions sociales plus qu’environnementales, il voit l’action de l’entrepreneur comme quelqu’un qui permet aux gens de subvenir à leurs besoins. » En grandissant au Maroc, on observe de près les inégalités qui touchent le Royaume. Bien que venant d’un milieu favorisé, ces difficultés donnent l’envie de réagir face à ça. C’était important pour moi de vouloir plus d’égalité, de liberté individuelle et d’unité sociale. Il est fondamental d’avoir un système qui permettent d’améliorer l’éducation et la santé, qui sont hélas encore en retard au Maroc. »

La découverte de l’univers digitale africain et français

Après ses stages à la Cour des Comptes et à Google, il collabore au sein de Jumia Travel en Afrique (Sénégal, Nigéria, Kenya, Algérie). « Les perspectives technologiques, les manières de travailler ou les structures locales en Afrique sont très différentes. Ce n’est pas l’Afrique mais des Afriques dont il faut parler. »

A son retour en France, il travaille pour une start-up qui durera 8 mois faute de financement. Il intègre alors un groupe de business angel et d’accélérateur d’entreprises numériques puis un cabinet en conseil stratégique. « Je voulais intégrer des start-up à des grands groupes. Ces entreprises ont une mission que ce soit avec leur notoriété, leur marque, etc.. Elles n’ont souvent pas la place pour développer des concepts technologiques. Avec leurs organisations internes et leurs process un peu lents, il y a des opportunités pour les start-ups dans un domaine particulier. »

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Retour au Maroc et aide aux entreprises marocaines

Après ses diverses expériences, il revient au Maroc pour travailler durant un an à la CDG, sur 212founders, un programme d’accompagnement, de financement et d’accélération des start-up marocaines. « Pendant mes études et en parallèle de mes jobs, j’avais lancé un évènement, le Talent Summit, qui vise à aider dans le recrutement dans la tech. J’avais ainsi le lien avec les start-up et la casquette financière »

Les start-ups au Maroc sont selon lui, en cours de structuration. Les difficultés proviennent du faible taux d’entrepreneuriat au Maroc par rapport à d’autres pays. Le secteur s’améliore avec de nouveaux acteurs et un éco système où beaucoup est fait en ce moment. Toujours actif pour le Maroc, Yassine Tahi se consacre dorénavant à plein temps pour Kinetix.

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Une levée de fonds de 500 000 euros en plein Covid

En effet, depuis sa création, le concept plait. Un partenariat est en cours avec un grand groupe audiovisuel français. Des studios de gaming font aussi appel à eux. « Les animateurs du secteur nous ont dit qu’une telle innovation révolutionnerait le secteur et leur ferait gagner un temps précieux. »

Avec leur prototype, il lève d’abord 100 000 euros en moins de 3 mois. Ils sont rejoints par Philippe Belhassen, un spécialiste de l’animation 3D. Avec ses 8 salariés, une première version Beta sort. Des business angels apportent 400 000 euros supplémentaires pour développer le concept.

Pour l’instant, la version est gratuite et l’équipe travaille au pricing selon les options utilisés par les créatifs et des options premium pour les acteurs audiovisuels et du gaming. « Notre objectif est de finaliser le produit. Les résultats sont déjà très satisfaisants et on avance bien sur la commercialisation. »

Face à la concurrence américaine, Kinetix prévoit une nouvelle levée de fonds d’ici la fin de l’année pour un produit qui demande beaucoup de recherche et développement, notamment pour l’intelligence artificielle.