Australie. Les électeurs disent « non » au référendum sur les droits des Aborigènes
Les Aborigènes d’Australie ont exprimé leur colère et leur amertume dimanche, après le rejet par la majorité blanche du pays d’une réforme qui proposait de reconnaître les populations autochtones dans la Constitution et de leur donner plus de droits.
Des chefs aborigènes ont appelé à « une semaine de silence » pour faire le deuil de l’échec du référendum, alors que le Premier ministre Antony Albanese a appelé la nation divisée à s’apaiser « dans un esprit d’unité ».
61 % des Australiens ont voté « non » à la question de savoir si la Constitution de 1901 devait être modifiée pour reconnaître les premiers habitants du pays. Le projet prévoyait aussi de créer un conseil consultatif – surnommé « La Voix » – auprès du Parlement et du gouvernement pour émettre des avis sur les lois et les politiques publiques qui affectent les populations autochtones. Aborigènes et insulaires du détroit de Torres représentent 984 000 personnes, soit 3,8 % de la population australienne.
Les Aborigènes ont dû se battre et attendre longtemps pour obtenir le droit de vote – 1962 au niveau fédéral -, le droit de posséder leurs terres traditionnelles, et de pouvoir être élus au Parlement. Dans ce contexte, Dean Parkin, militant autochtone pour le « oui », considère que le résultat est peu surprenant et représente un nouveau « chapitre de l’histoire de notre lutte ». Les partisans du « oui » considéraient le référendum comme un moyen d’unir le pays et de panser les plaies des injustices historiques infligées aux peuples autochtones lors de la colonisation du pays. Au lieu de cela, la campagne électorale a mis en lumière les profondes divisions qui traversent encore la société australienne plus de deux siècles après la colonisation britannique.
Les Aborigènes d’Australie, dont les ancêtres se sont installés sur l’île-continent il y a environ 60 000 ans, sont aujourd’hui reconnus comme l’une des plus anciennes cultures au monde. Mais 235 ans après l’arrivée des premiers colons britanniques, ils ont une espérance de vie inférieure de huit ans à celle des autres Australiens, sont en moyenne plus pauvres, plus souvent incarcérés et ont un accès moindre à l’éducation.